Une ville de larmes et de sang

Thedric s'était réveillé en sursaut, il baignait dans une flaque de sueur. La chambre dans laquelle il se trouvait était chichement éclairée d'une lumière transcendante. Le jeune homme se leva avec peine, dans sa tête se répercutait d'incessants élancement de douleur. Il remarqua alors qu'il portait une robe de chambre pointillée comme on en trouve chez les internés de l'hôpital de Horsetown.

Il s'extirpa avec peine de ses duvets moites et entreprit d'explorer les environs. Ce fut avec peine qu'il ne réussit qu'à se déplacer lentement dans les couloirs ternes et gris de la clinique, mais surtout silencieux. Thedric avait pourtant souvenir que...

...souvenir...

A l'instant même où l'adolescent voulu consulter sa mémoire biologique, une lumière d'un blanc opaque apparu dans son subconscient. Il ne se rappelait plus de rien. Il ignorait jusqu'à son nom.
Néanmoins l'hypothétique choc qu'il avait du recevoir à la tête ne lui avait affecté que la mémoire personnel. Le jeune homme se rappelait parfaitement comment parler et avait gardé une connaissance de son monde globale, une connaissance étonnement exacte et complète.

Après avoir trouvé des vêtements qui lui allait à merveille (peut-être ses habits) Thedric se dirigea vers une fenêtre pour tenter d'observer les environs. Ce qu'il y vit dépassa son entendement même.

-Oh mon Dieu...

[ HRP ] Mon perso provient vient d'un autre Rp de Soul Darkness ; Disons que je reprends au moment où il se réfugie dans le commissariat, hormis cela, il fait table rase du passé . [ HRP ]

Jake avait l'impression de manger un morceau de carton . Du carton nappé de charbon liquide .

Le Kit et Kat, que Jake aurait sûrement considéré comme un bienfait de dieu quelques jours auparavant, ( Quand il était encore vagabond ) était aujourd'hui insipide .

Cause : Le stress, la peur et l'impression de voir tout à travers les yeux d'une autre personne . C'était la seule façon que l'orphelin avait trouvé pour ne pas péter un plomb ; Se détacher du présent, revenir à la "réalité" que lorsque la situation l'exigeait .

Jake se força à manger jusqu'à ce que son estomac soit plein . Alors il alla chercher les serviettes dans les douches du commissariat, rassembla toutes les clés de l'infrastructure, trouva un fusil à pompe et des munitions, et enfin, alla se réfugier dans une cellule de dégrisement qu'il avait aménagé
Les serviettes étaient venues agrémenter la spartiate couchette, ils conservait les passes de l'établissement sur lui et il emmagasina toutes les provisions qu'il put dénicher dans la salle exiguë .

Jake dormit immédiatement d'un sommeil sans rêve . Lorsqu'il se réveilla, il n'avait pas l'impression d'être plus reposé, mais au moins sa faim c'était apaisé et son impression de constante oppression diminuait légèrement .
Et elle aurait continuée si le son d'un mug se brisant sur le sol ne l'avait pas alerté .

Pendant près de deux minutes, l'adolescent se figea, les yeux exorbités, retenant son souffle et l'oreille attentive . Un bruit de pas irrégulier se rapprochait lentement . Tantôt le son était éloignée, comme perçu sous l'eau, tantôt il était proche comme à quelques centimètres de Jake .
Qui ne savait pas comment réagir .

Il se fit force afin que ses membres tétanisés par la peur se meuvent ; Il s'approcha lentement, tremblant de tout son corps, couvert de sueur et parvint finalement devant le hublot de la porte blindée, elle-même débouchant sur un corridor . Vide .
Il n'y avait rien .

Et lorsque Jake s'en rendu compte, le son s'estompa avant de disparaître .
Il avait imaginé ce son discordant, son propre inconscient avait faillit le rendre totalement cinglé .

Non .

C'était cette putain de ville qui se liguait contre lui, ourdissait des plans tortueux pour l'amener à se suicider . Ou à se transformer comme une de ses choses .

Mais si c'était la ville qui complotait contre lui, alors qu'est-ce qui lui prouvait qu'il était en sécurité dans cette pièce minuscule dans laquelle il s'était enfermé ?
La paranoïa de Jake reprit le dessus . Il fallait qu'il sorte avant que la cité ai décidé de le tuer . Il devait sortir de ce cachot blanchâtre dans lequel il s'était emprisonné .

Au moment même où il insérait les clés dans le serrure, un bref mouvement capta son attention .
Une paire d'yeux .
Deux yeux qui l'observait . Ils étaient au coin du couloir, à une quinzaine de mètre de la porte, et ils rougeoyaient .
Ils lui disaient : "Vas-y . Vas-y . Vas-y . Ouvre la ."

Jake retira le passe de la serrure et le rangea dans sa poche, défiant les yeux du regard . Il se rétrécirent jusqu'à disparaître, et les pensées paranoïaque de Jake s'évaporèrent avec .

Une force l'avait poussé à ouvrir la porte . Apparemment, il était en sécurité dans cette cellule .
Il s'en convainquit et retourna dormir, agité .

Sa ville avait été le théâtre d'un combat apocalyptique dont Thedric ne comprit pas même les grandes lignes : le décor ne rimait à rien. Il n'y avait personne mais il n'y avait aucune trace de lutte. Des ombres bougeaient mais trop rapidement pour un humain, peut être le reflet d'une flamme vacillante ? Quelque chose n'allait pas, il ne voyait rien de notable dans cette ville vide et grise, mais quelque chose n'était pas cohérent.
Mais quoi ?
Sa tête commençait à tourner, il tituba quelques mètres dans la pièce et se mit à saigner du nez. Fort heureusement, il se trouvait dans un hôpital, les pansements, serviettes hygiéniques ou les gants en plastique ne manquaient pas. Il stoppa l'hémorragie que de prime abord, n'était due à rien.
Soudain un bruit d'ouverture de porte retentit dans toute la clinique. Il était brutal, mais semblait venir de toutes les directions à la fois. Eh puis les mêmes questions revinrent résonner en Thedric.
Qui était-il ? Qu'était-il arrivé ici ? Avait-il des proches ? Comment se fait-il qu'il avait les cheveux gris ?
L'adolescent ne comprenait plus rien. Il se traîna jusqu'à sa chambre en espérant trouver un dossier médical lui concernant afin d'y trouver son identité. Sa vision se troubla durant un cours laps de temps. Alors que ce soudain malaise l'avait pris, il cru entendre un autre bruit.
-Y a quelqu'un ?

Après avoir patienté une minute durant laquelle sa respiration lui semblait assourdissante, il vaqua à sa tâche, en l'occurrence retrouvé son identité. Une courbe de santé était accroché à son lit de réveil sur laquelle il était marqué "Thedric Thibert".
Ce mot résonna longuement dans son crâne. Et un souvenir lui foudroya le cerveau :
"Arthur Thibert, 47 ans, policier d'Horsetown, mon père, mon père !"

Après avoir recouvert d'un peu de ses forces, le jeune s'en alla fébrilement au commissariat.

Jake se réveilla en sueur, le souffle court . Pourtant il n'avait fait aucun cauchemar, ou du moins n'en avais aucun souvenir .
Il ne savait pas combien de temps avait duré son somme, si tant est qu'on puisse parler de repos . Sa montre, brisée, ne possédait plus que la tige indiquant les minutes .

Son front était comme ébouillanté, et c'est comme pris par une fièvre qu'il tituba dans la pièce avant de récupérer une bouteille d'eau gazeuse qu'il vida d'un trait . Il y avait un lavabo dans la pièce, et Jake en usa pour s'asperger jusqu'à ce que son cerveau se désembourbe .

Pour passer le temps, et comme il ne pouvait pas que dormir pendant des journées entières, il entreprit de dresser un inventaire de ses maigres possessions . Il s'arma d'un calepin et d'un crayon et s'accroupit devant le tas que formait les affaires qu'il avait rassemblé, y jetant de brefs coups d'oeuil entre deux lignes .

-"Alors ..." Jake parla tout haut, brisant enfin le long mutisme qu'il c'était imposé, et il sentit la détresse et la pression s'évacuer lentement pendant qu'il comptabilisait .

-"Quatre packs de bière ... Deux bouteilles de soda, trois d'eau ... Un fusil à pompe et ses cartouches ... Dix boîtes de trente cartouches . Un 9mm Walther avec trois chargeur de huit balles ... Six serviettes, deux couvertures, douze ou quinze kilo de bouffes diverses ..."

Il s'interrompit, et pourtant n'avait rien entendu . Ses oreilles bourdonnaient, comme lorsqu'un pétard explose très près des tympans . Jake connaissait cette sensation . Plusieurs fois dans sa vie de solitaire, il avait ressenti cette étrange impression de mal-être, une boule se formant dans son ventre, le cerveau vibrant . A chaque fois cela ne présageait rien de bon .

Pris d'une soudaine impulsion, il empoigna son fusil à pompe et l'arma avant de s'avancer précautionneusement de la porte blindée et de son hublot .

Une fumée noire comme l'encre glissait le long des murs du corridor attenant . Elle semblait avancer en se déroulant comme les chenilles d'un char avant de se surcomprimer et d'avancer à nouveau .

L'orphelin était tétanisé . L'étrange fumée se dirigeait vers lui, il en était sûr, à une lenteur extraordinaire .

Puis enfin, elle parvint à l'épaisse vitre et se pressa contre le plexiglas, bouchant totalement l'ouverture . Jake recula pas à pas, le regard vrillé sur cette horrifiante impression d'ombre vivante .

La vitre se liquéfia . Le plastique qui la composait fondit et coula en longues lianes translucides .

Jake stoppa net . L'ombre se solidifiait, se transformant en une sorte de tube noir de jais enroulé sur lui-même .
Le tube se déplia gracieusement, mutant, prenant la forme d'un long et fin bras d'où coulait, comme une mélasse ténébreuse, d'étrange filaments semi-liquides .

Puis le bras se détendit et frappa comme une faux, tentant de happer Jake . Une multitude de gémissement peinés jaillirent du bras teint d'ébène lorsqu'il manqua sa proie d'un pouce . Des dizaines d'orifices difformes, lointains cousins des bouches humaines, s'ouvrirent sur l'avant bras et le biceps du membre longiligne .

Jake se réveilla enfin quand le bruit hideux que provoquait les "bouches" lui parvint . Il recula jusqu'au fond de la cellule de dégrisement et dirigea le canon de son fusil vers le monstre, mais il tremblait tellement que son premier tir loupa sa cible et fendit le plafond, faisant naître un nuage de poussière .

Le bras s'escrimait à attraper le jeune orphelin, sa main ressemblant à s'y méprendre avec une araignée frappant l'air à quelques dizaines de centimètres de Jake .
Le fusil à pompe avait reculé bien plus brutalement qu'il avait pensé, et la crosse s'enfonça rudement dans son épaule, lui arrachant une grimace . Il réarma, éjectant la douille fumante de la chambre d'acier, puis se força à garder son sang froid .

Le tir fit frémir le bras luisant, le faisant disparaître dans un hurlement cinglant de douleur et de dépit .

Jake glissa le long du mur dans un soupir, et se permit une bouffée d'air, ayant retenu sa respiration pendant toute la durée de la scène .

Mais ses oreilles se remirent à bourdonner dangereusement .

L'adolescent eut juste le temps de se plaquer contre le béton que six bras semblables se mirent à fouetter l'air furieusement, des feulements étranglés de rage jaillissant d'une centaine de bouches .

Jake hurla de toutes ses forces, les yeux fermés .

-"DISPARAÎT !!!!!!" Mais seul un rire glacial lui répondit .

Les membres monstrueusement difformes se rapprochaient lentement du visage du garçon, au rythme de la porte blindée qui ployait lentement sous la pression .
Jake savait qu'il ne lui restait pas plus d'une minute avant que les longs et ignobles doigts ne l'agrippent, aussi déchargea-il son arme dans le tas, ne faisant qu'accroître le nombre de bras qui se démultipliais à chaque coups .

Il était perdu .

Jake fut pris de sanglots tandis que le battant d'acier se déchirait lentement .

Puis il remarqua la grenade incendiaire, objet qu'il avait ramassé quelques instants plus tôt .

Il se jeta sur le sol et la dégoupilla avant de la lancer au moment même où la porte blindée cédait .

L'explosion qui résultat du choc entre le monstre de fumée et l'objet explosif déchiqueta les murs comme du carton, projeta Jake contre un revêtement de briques, puis déchira en lambeaux noirs la forme indistincte de la créature dont il ne resta finalement rien .

Jake sentit le sang couler de son crâne avant de perdre connaissance .

Thed marchait entre les voitures en parfaite état du parking de la clinique. En plus du silence total qui planait sur les environs, le jeune homme nota l'inquiétante absence de vent, de ce fait une chaleur moite régnait aux alentours de l'hôpital. La nuque de Thedric bourdonnait, il se sentait observer. Il ne savait ni par qui ni comment, mais quelque le regardait.
Peu après il eût l'impression que la réalité se déformait, qu'un pan de la réalité s'était déchiré. Cette vision indicible se mua pour prendre des traits humains. Un humain fait de... néant apparut donc en face de l'adolescent. D'autre de ces humanoïdes se formèrent autour du garçon. Une boule d'angoisse se forma dans son ventre. Ça dépassait l'entendement, une fois de plus.
Thedric se mit alors à courir, bientôt poursuivi par les choses.
Qui d'ailleurs se déplaçaient très vite.
Qu'on ne pouvait à peine distinguer du décor, tant la différence entre leur composition était semblable à rien... à l'air, simplement l'oxygène ambiante.

Le jeune homme entendit alors quelques coups de feu puis une explosion : une fumée s'échappa alors de sa destination.
Le commissariat.
"Serais-je seulement plus en sécurité qu'à l'hôpital, là-bas ?"

Puis il continua sa course, le cœur au bord des lèvres.

Incapable de dire depuis combien de jour elle attendait cloîtrée dans le carnotzet, Abby en jugeait par ses stocks de nourriture désormais insuffisants qu’il lui faudrait sortir.
Elle était montée à l’étage quelques jours plus tôt pour découvrir le corps de son amie étalé sur le carrelage de la cuisine. Dès lors, s’étant emparée de tous les snacks et boissons qu’elle avait pu trouvées dans les placards et le frigo, elle était redescendue dans le petit salon calfeutré et avait attendu. Mais attendu quoi ? Aucun secours n’était venu…Probablement mort ou trop affairé.
Elle le savait, elle ne s’en sortirait pas seule, il lui fallait d’autres personnes pour peut-être échapper au cauchemar qu’elle avait entrevu à l’étage.
Abby ouvrit la petite porte qui menait sur les escaliers en bois. Elle monta la première volée de marches qui ne manquèrent pas de grincer sous ses pas, et atteint le rez-de-chaussée. Le sol en marbre était éclaté, les rideaux brûlés, des meubles il ne restait que des amas noirâtres,la plupart des murs internes étaient effondrés et les encadrements des fenêtres avaient laissé place à des trous béants.

*CRACK*

Soudain tout s’accéléra dans la tête de la jeune fille:
- Merde, le premier!
En effet, la charpente de la maison était en bois renforcé. Jusque là elle avait tenu, mais jusqu'à quand?
Sans plus attendre, elle enjamba la cuisinière, contourna les restes de son amie et franchit le perron. Elle fit quelques pas de plus, se retrouvant au milieu de l’allée déserte. Une minute plus tard, la magnifique demeure s’écroula sur elle-même, formant un immense nuage de poussière. Toujours dans la rue, il lui fallait trouver des humains. Mais où ? Elle inspecta les villas voisines, sans vraiment oser en approcher. Après tout, tous ces gens elle les connaissait voir leur cadavre ne lui disait rien et puis s’ils étaient vivants ils se seraient manifestés... Elle redirigea donc ses pas vers le centre-ville.

La porte du commissariat n'était plus là. L'ensemble de l'embrasure était défoncée et de la fumée s'en échappait. Les créatures semi-invisibles qui poursuivaient Thedric avaient visiblement disparues.
Tremblant et haletant, l'adolescent se dirigea vers la source du nuage gris et éparse. Il s'arrêta finalement dans une cellule à la porte brisée et les pans des murs déchirés comme s'il avait s'agit de carton.
Par terre, au milieu de la pièce, gisait un homme légèrement plus âgé que Thedric. Avant de tenter de le réveiller, le jeune homme aux cheveux gris remarqua une arme au côté de l'endormi. Son cerveau lui fit mal aussi fortement que brièvement avant que l'adolescent ne lâche mécaniquement :
-Fusil à pompe tactique, nécessite balles pleines/grenailles de calibre 12, magasin à huit balles, puissant recul, recharge manuelle.
Surpris par ce qu'il venait de dire presque contre son gré, il ramassa l'arme et la rechargea d'un geste parfait. Une fois sûr de pouvoir tirer sans encombre, il tapa doucement avec ses pieds dans les côtes de l'homme au pays des songes. Il le garda en joue, juste au cas où...

-Hey, mec, réveilles toi ! Hey...
Alors que l'intéressé commençait à peine à cligner des yeux, Thedric poursuivit :
-Qu'est ce qu'il s'est passé dans cette ville ???

La première chose que Jake ressentit fut un bourdonnement intérieur, comme si son corps était encore électrisé par le choc . Il ouvrit les paupières, et la luminosité ambiante le fit cligner des yeux . Il voyait flou . Chaque détail était flou . Il distingua une forme qui s'agitait, imperceptible .

Jake tenta de se relever, mais son contrôle sur son corps était encore trop faible, heureusement, son ouïe se déboucha en un instant, lui permettant d'entendre ;

-"Qu'est ce qu'il s'est passé dans cette ville ??? "

Le jeune homme voulu répondre "J'en sais rien", mais il ne produisit qu'un gargouillement étranglé . Jake toussa et cracha jusqu'à ce que sa gorge soit débarrassée de toute la poussière qui l'obstruait . Il parvint enfin à se dresser sur ses jambes en s'appuyant, et la tête lui tourna tellement qu'il faillit s'effondrer . Mais il tint bon et réussit enfin à articuler, chancelant .

-"Je ne sais pas ... Qui ... Qui êtes-vous ?"

Jakr s'assit sur la couchette en se massant l'arrière du crâne, où le sang c'était coagulé ; Rien de grave au final . Juste le choc de l'explosion qui l'avait sonné .
Au moment même où il pensait cela, sa vue se dégagea et il put discerner la personne qui s'adressait à lui .

Et qui le braquait .

L'orphelin leva les mains en l'air .

-"Bon... Bonjour ?"

"... Qui ... Qui êtes-vous ?"
Voilà l'une des questions que l'amnésique avait redoutée depuis la sortie de son coma. Sur le dossier médical de la chambre dans laquelle il s'était réveillé, à supposer qu'il s'agissait du sien, il avait lu les antécédents d'un certain "Thedric Thibert". Aucun problème de santé majeur. C'était d'ailleurs étrange ; il se souvenait de chaque détail de sa lecture jusqu'à pouvoir reproduire à la perfection la signature en bas de page du docteur.
Effrayant.

-Je suis... Je m'appelle Thedric... enfin, je crois. Alors tu ne sais pas pourquoi cette ville est dans cette état là ?

Son interlocuteur semblait peu disposé à lui répondre dans l'immédiat, en fait il s'extirpait d'un... "évanouissement : cerveau peu actif, corps en hyperactivité, ré-hydratation vitale", songea-t-il subitement, contre son gré.

-Tu devrais boire. Ah... et ce fusil à pompe doit appartenir. On devrait sortir de cette ville, tu ne crois pas ?

Apparemment, son interlocuteur n'avait aucune attention néfastes à son égard . Mais il semblait tout de même assez ... Bizarre ;

-"Je suis... Je m'appelle Thedric... enfin, je crois. Alors tu ne sais pas pourquoi cette ville est dans cette état là ?"

"Il croit ?" Pensa Jake . "Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?" Mais il décida de ne pas y prêter attention . Il serait toujours temps de le demander plus tard . Pour l'instant il avait surtout l'impression que sa gorge était un véritable fourneau .

-"Tu devrais boire. Ah... et ce fusil à pompe doit appartenir. On devrait sortir de cette ville, tu ne crois pas ?"

L'orphelin acquiesça et ramassa les quelques bouteilles d'eau qui avait résisté à l'explosion . Il en vida deux en une quarantaine de secondes et se sentit un peut mieux .

-"Je m'appelles Jake, et je ne sais vraiment pas ce qui se passe dans cette ville . Je crois ... Je crois qu'elle est comme hantée ... Enfin, je ne sais pas ."

Jake se leva et tendit la main à ce Thedric . "Après tout, deux valent mieux qu'un ." Pensa-il ...

L'adolescent aux cheveux gris releva énergiquement son compagnon inopiné. Peut être allait-il enfin en savoir plus sur son passé, ou quoi que ce soit d'autre, pensa-t-il aussi.
Une fois avoir réuni les maigres affaires du dénommé Jack, Thedric s'éloigna distraitement de son nouveau camarade. Alors qu'il se trouvait devant l'énorme embrasure déchiquetée du commissariat, son subconscient l'informa que quelque chose n'allait pas. Il mit du temps à déceler ce qui sortait de l'habituel : le ciel était couvert et pourtant, il ne sentait pas la moindre bourrasque de vent. Il n'y avait dans l'atmosphère rien de rafraîchissant en dépit du fait que les rayons du soleil étaient obstrués par d'épais nuages.
Lorsque son compagnon l'avait rejoint [hrp] Je te laisse écrire ce qu'il a prit avec lui (vivres, armes...) [/hrp], l'amnésique fit volte-face et lui lança :

-Bon, euh... ben je suis sûr que tu connais mieux le coin que moi. Je te laisse passer devant...ok ? Au fait... tu connaissais beaucoup de gens, avant que... tout ça n'arrive.

Alors qu'il terminait sa phrase, Thedric désignait du doigt les environs d'un geste circulaire. Puis il reprit :

-Je veux dire... ça pourrait te paraître bizarre... mais... tu me connaissais, avant ?

[ HRP ] Je pense que Eien No ne nous rejoindra pas ... Je poursuit . [ HRP ]

Jack, dans un soucis de mobilité, ne prit que quelques provisions les plus nourrissante et une dizaine de bouteilles dans un sac à dos . Jack pris le Walther, le fusil à pompe et les munitions, puis il rejoint le dénommé Thédric .
Celui-ci semblait légèrement perdu . Il posa quelques questions à Jake . Apparemment, il ne venait pas de la ville .

-"Bon, euh... ben je suis sûr que tu connais mieux le coin que moi. Je te laisse passer devant...ok ? Au fait... tu connaissais beaucoup de gens, avant que... tout ça n'arrive ... -Je veux dire... ça pourrait te paraître bizarre... mais... tu me connaissais, avant ?"

Jake le regarda . Son visage avait quelque chose de ... Familier . Vaguement . L'orphelin l'avait sûrement croisé deux ou trois fois dans les rues, mais il ne parvenait pas à se souvenir à quelles occasions .

-"Je crois que tu étais collégien ou Lyéen ... Peut-être . Je ne suis pas sûr, je ne me suis jamais lié à la population de cette ville ; Ils n'ont pas vraiment essayés de m'intégrer . J'étais le marginal désigné ."

Jake tendit le fusil à pompe à l'adolescent .

-"Si tu préfères un 9mm, tu n'as qu'à me le dire ." Jake partit un peut en avant, suivit par le jeune homme .

-"Si nous voulons sortir de la ville, le plus sûr et de s'y rendre en voiture . Je crois me rappeler de comment on les fait démarrer sans clé ..." L'orphelin s'approcha d'une vieille BMW dont il explosa la vitre avant gauche d'un coup de crosse .

Faire démarrer une voiture en bidouillant deux fils n'était pas des plus évidents, aussi Jake meubla-il le silence avec une question qui le taraudait .

-"Que t'arrive-il, tu semble bouleversé ?"

Alors que Jack choisi soigneusement le véhicule le plus performant dans le parking de la place, Thedric fut à nouveau surpris par le teint grisâtre de ses cheveux et ses traits minés par la fatigue. Il semblait mal aller, effectivement, mais il ne s'en rendait pas compte.
L'amnésique accusa les réponses du présumé marginal avec joie, en dépit du fait qu'elles étaient plutôt mauvaises. Chaque information était traitée avec soin par la mémoire photographique de l'adolescent. Une mémoire qui ne demandait qu'à s'étoffer.
Il s'empara du fusil à pompe. C'était la seule arme dont, par les aléas de son lobe temporal, il connaissait son fonctionnement par cœur. Alors que Jack s'était déjà introduis dans une BMW témoin du temps passé entre la mort de son propriétaire et l'heure actuel, il demanda à l'homme plus jeune que lui :

-Que t'arrive-il, tu semble bouleversé ?

-Euh... je vais être franc : je me suis réveillé il y a moins d'une heure dans un hôpital désaffecté. Je ne me rappelais plus de rien, jusqu'aux traits de mon visage. Je découvre que le ville est déserte et que je-ne-sais-quelles-créatures essayent de me bouffer. J'ai un mal de crâne énorme et les cheveux gris.
Mais ça va ; je ne suis pas trop bouleversé.
Ce qui m'inquiète c'est que j'ai sûrement une famille et des amis qui m'attendent quelque part.
Où peut-être ai-je d'excellente raison d'être bouleversé mais je ne m'en souviens tout simplement pas ? Argh... hum... ah ! Tu l'as fais démarrée... Tu sais conduire ?

- Attendez Mme Walters! Je vais juste jeter un coup d'œil.
- Faites-vite Mr Kunning, ça sent bizarre ici et je n'aime pas vraiment ça.

Les deux personnes étaient les uniques survivants de la présumée attaque du commissariat. Une explosion avait presqu'entièrement détruit l'édifice et ses occupants. Francis se trouvait dans la salle des archives à ce moment là, en sous-sol. Par conséquent, il avait été protégé de l'explosion.
Il s'était mis à rechercher des survivants, évitant les zones en proies aux flammes. Sous une porte dégondée et un amas de décombres il avait alors trouvé Emily Walters. Il la connaissait bien pour avoir plusieurs fois défendu cette famille contre des voyous de quartier. La jeune Emily avait vingt cinq ans et allait être mère dans à peut près deux mois. Vêtue d'une robe d'été et d'un simple gilet, cela tenait presque du miracle qu'elle aie survécu et pas les autres.

- C'est bon, nous pouvons y aller! Restez bien derrière moi!

Les deux survivants s'en allèrent dans la ville, en quête d'autres survivants à regrouper avant d'éclaircir toute cette histoire.

-"Euh... je vais être franc : je me suis réveillé il y a moins d'une heure dans un hôpital désaffecté. Je ne me rappelais plus de rien, jusqu'aux traits de mon visage. Je découvre que le ville est déserte et que je-ne-sais-quelles-créatures essayent de me bouffer. J'ai un mal de crâne énorme et les cheveux gris.
Mais ça va ; je ne suis pas trop bouleversé.
Ce qui m'inquiète c'est que j'ai sûrement une famille et des amis qui m'attendent quelque part.
Où peut-être ai-je d'excellente raison d'être bouleversé mais je ne m'en souviens tout simplement pas ? Argh... hum... ah ! Tu l'as fais démarrée... Tu sais conduire ?"

Le silence se fit sur le parking, hormis le bruit du moteur qui tournait en crachant un peut . Jake assimila les informations avec peine .

-"Ah ." L'orphelin se leva et observa le jeune homme .

-"Ah . Tu est amnésique . Ok ... Pour tout te dire, que tu ais des souvenirs ou non, cela n'aurait pas changé grand chose vu la situation ... Je veux dire ... Même moi je perds tout mes repères dans les rues de cette ville que je connaissais par coeur ."

Jake se rassit dans un silence encore plus lourd . Il réfléchissait à ce que venait de lui dire l'adolescent qui se tenait à côté de lui . Il attendait sûrement mieux comme réconfort mais Jake n'avait jamais été lié à qui que ce soit . A vrai dire, cela le gênait un peut de se socialiser .

-"Écoutes, pour ton mal de crâne, on pourra passer à l'hôpital ... Heu, non, à une pharmacie . ( Jake pensa que si un lieu devait être hanté dans cette ville, ce devait bien être l'hôpital . ) Puis on pourra chercher ton adresse sur un annuaire local et y faire un tour, si cela peut te rassurer ."

Jake sentit comme un frisson lui parcourir l'échine ... Le brouillard semblait s'épaissir . Bientôt, ils ne virent pas à plus de deux mêtres devant eux . Viscéralement, Jake pensa que la ville voulait les empêcher de prendre la voiture . Il ignora cette idée . Il fallait se calmer et ne pas céder à la pression .

Pour l'instant, aucun bourdonnement ne vint entacher son ouïe, ils étaient donc relativement en sécurité . Jake fit signe à Thédric de monter en voiture . Il jeta un dernier coup d'oeuil inquiet aux alentours, et cru distinguer une légère ombre mouvante au loin .

-"Pour répondre à ta dernière question, je sais conduire ... Théoriquement . Un vieux SDF m'as appris à conduire sur une carcasse de voiture, alors je pense pouvoir conduire dans cette purée de poix ."

Jake fit rouler la voiture à vingt kilomètres heures, afin d'éviter de se prendre le moindre obstacle . Le lenteur de la BMW exacerba sa prudence ; Il fouillait la rue du regard, à la recherche du moindre mouvement ... Une ombre se détacha d'une nappe de brouillard ... Une ombre d'une taille humaine qui avançait vers eux ...

Thedric aperçu la silhouette humanoïde quelques battements de cœur avant le pilote, déjà occupé à anticiper les obstacles avec deux mètres de marge. Une sorte d'éclair traversa son crâne, rendant le jeune homme aux cheveux gris brièvement aveugle. Il paniqua, des souvenirs s'entremêlaient douloureusement dans sa mémoire, il n'avait rien à quoi se raccrocher.
D'un geste brusque, il poussa contre son gré Jack qui avait alors remarqué les formes humaine dans la brume. Toujours esclave de spasmes nerveux, l'amnésique se mit à taper du pied, sa crise devint si violente que ses jambes heurtèrent les pédales de commande. Horrifié par ce que cela impliquait, Jack lâcha :

-Mais t'es malade ?! Tu v...
-JE FAIS PAS EXPRÈS ! C'EST COMME SI QUELQU'UN ME...

Il poussa à nouveau le conducteur ce qui, couplé à une soudaine accélération, engagea rapidement la voiture sur une avenue en pente. Évidemment, les freins lâchèrent dès que l'ex marginal tenta de reprendre la maîtrise du véhicule.
Paradoxalement, cette situation de détresse les mirent hors de danger vis-à-vis des inconnus qui commençaient à se détacher du brouillard. Les deux adolescents venaient effectuer une manœuvre que les "ombres" n'avaient visiblement pas prévue.

Alors que la carlingue atteignait des pointes de vitesse inquiétantes, Thedric entraperçu un nom de rue alors qu'ils traversaient un carrefour.

"Sarter Avenue"

*Tilt*

-Putain ! Prends à droite ! Maintenant ! J'habite deux rues plus loin !!

Les rues étaient en proie à un brouillard comme on n'en n'avait encore jamais vu dans cette partie du pays. Pas moyen de voir correctement à plus de dix mètres devant soi.
Francis guettait le moindre mouvement, la plus petite manifestation qui lui ferais savoir qu'il n'était pas totalement seul. Mme Walters restait derrière lui, angoissée, une main sur son ventre dont la proéminence ne lui facilitait pas la marche. Elle aussi jetait des coups d'œil alentours, elle craignait le pire pour son mari, resté à la maison alors qu'elle allait rendre visite à son frère au commissariat.

Au tournant d'une rue, le policier entendit un son de voiture se rapprochant. Une paire de phares au loin confirma sa déduction. Cela semblait avancer vers eux, à une vitesse moyenne, dans une trentaine de mètres ils allaient pouvoir les voir.

Deux ombres se formèrent alors. Deux formes humaines qui se dressaient entre la voiture et les deux survivants.
La voiture, à cinq mètres de ces apparitions, fît un brusque virage vers la gauche, en direction d'une avenue en descente raide.
Les ombres, d'abord attirés par la lumière du véhicule, se désintéressèrent ensuite de sa route qui l'entraînait plus bas dans la ville.
Par réflexes, Francis avait sorti son arme, son désignateur laser décrivant une ligne rouge parfaite pointant alternativement l'une et l'autre des ombres.

- Je vous somme de vous arrêter! Ne m'obligez pas à faire feu!

Ignorant son appel, les deux ombres avancèrent vers lui. Stoïque, comme à son habitude, il ne recula pas, il avait l'habitude de ces petites frappes qui se déguisent en faveur de la nuit afin de surprendre les gents.
Lui restait sur place, mais ce n'était pas le cas de Emily, qui reculait instinctivement, tétanisée par la peur que lui inspirait ces deux individus.

Francis aurait pu en rester là, tenter de leur faire peur. Mais comment infliger la peur à ce qui la constitue en elle-même? A moment où le policier allait faire un tir de sommation pour les obliger à reculer, les deux ombres commencèrent à s'estomper dans la brume, comme si un coup de vent les dissipaient.

Il resta quelque peut étonné devant pareille réaction, s'attendant à tout sauf à cela. Puis il repris sa route, chassant cette vision de sa tête, se concentrant sur sa survie et la protection de Mme Walters.

[ HRP ] Excusez mon absence due à deux matinées successives de bacs blancs [ HRP ]

-"Mais t'es malade ?! Tu v...
-JE FAIS PAS EXPRÈS ! C'EST COMME SI QUELQU'UN ME..."

La voiture fit une embardée et Jake eut un haut-le-coeur en sentant les pneus quitter le sol pendant une fraction de seconde . Le choc fut d'autant plus violent que le jeune homme n'avait pas attaché sa ceinture ; Sa tête heurta le toit dans un klonk ! sonore et des petites lumières dansantes oblitérèrent un court instant la vue de Jake .

Thédric était manifestement en proie à une crise d'épilepsie, ou quelque chose approchant ; Il remuait frénétiquement , frappant aussi bien les pédales que l'orphelin qui se prit un coup de pied dans la cuisse : Heureusement, il avait eut le temps de lever la jambe en position défensive, sinon le maladroit coup de Thédric l'aurait atteint à une partie de son corps bien plus sensible .

La voiture se stabilisa enfin, après un virage prit à cent-cinquante kilomètres heures . L'amnésique semblait enfin calmé, et les ombres avaient disparues, comme envolées .
Jake reprit le contrôle du véhicule et ralentit jusqu'à quarante à l'heure, lorsque son imprévisible compagnon eut un nouveau choc .

-"Putain ! Prends à droite ! Maintenant ! J'habite deux rues plus loin !!"

Jake, qui venait de dépasse l'embranchement vers Sarter Avenue, dut freiner brusquement, envoyant valdinguer leurs affaires et leurs têtes un peut partout .

L'orphelin regarda Thédric .

-"T'en est sûr ?"
La lueur de détermination dans le regard de l'amnésique ne laissait de toute façons pas le choix à Jake .

-"Ok ... C'est toi qui vois ..."

Ils s'engagèrent dans l'avenue ...

La carlingue s'arrêta devant l'allée d'une villa aux proportions enviables. Sans même que le véhicule ne soit totalement stoppé, Thedric s'en extirpa et se précipita dans la maison, laissant Jack interdit dans la voiture. L'adolescent aux cheveux anormalement gris émit quelques appels sans qu'il n'y ait de réponse. Il fouilla la maison de fond en combe à la recherche d'objets supposés familiers s'en qu'aucun nouveaux souvenirs n'émergent.
Après cinq minutes de déplacement frénétique, il parvint dans le grenier d'où un établi et un amas d'outils hétéroclites meublaient la pièce. Il y a avait aussi une petite fenêtre aux contours décrépis filtrants la lumière blafarde de cette ville (qui jamais ne faiblissait ni n'augmentait, nota le jeune homme).
Au comble du désespoir, il vit quelque chose bouger dans les hauteurs de la cité. Il observa attentivement les silhouettes au travers de la brume qui commençait à s'éclaircir. C'est alors qu'il remarqua un détail très intéressant.

Il sortit ensuite de sa demeure pour retrouver l'ex-marginal qui avait lui aussi prit l'air. Parvenu à sa hauteur, il lui partagea sa découverte :
-RAS dans ma maison. Par contre j'ai vu des humains depuis le haut du grenier. La bonne nouvelle c'est qu'ils avaient l'air parfaitement normaux, apparemment, il s'agit d'un mec immense tenant une femme par la main. Qu'est-ce qu'on fait ?

Jake pianota sur le tableau de bord de la bagnole . Il ne parvenait pas à se décider ; Sortir de la voiture et rentre dans une maison, chose qu'il haïssait au plus haut point ( depuis son expérience dans la cellule du commissariat, être enfermé entre quatre murs ne lui paraissait pas une bonne idée ) ou rester à l'intérieur, planqué et prêt à se casser au moindre problème .

Cela faisait déjà cinq minutes que Thédric se trouvait à l'intérieur de cette fichue baraque, et le brouillard commençait à s'épaissir à nouveau . Un grésillement léger parasita l'ouïe de l'adolescent ; Encore une sorte de pressentiment ... Mais pas assez proche pour être vraiment dangereux, enfin, c'est ce que son esprit semblait lui dire .

-"Bordel ! Qu'est-ce qu'il fout ?!" Jake lançait de fréquents coups d'oeuil dans les rétroviseurs . Il était de plus en plus inquiet .

-"je lui laisse encore deux minutes et je me tire ..." Le grésillement se transforma en bourdonnement . Jake faillit partir ; Le moteur tournait, il lui suffisait de reculer puis de rouler à toute allure vers la forêt, d'ailleurs, c'est ce qu'il s'apprêtait à faire .

Mais sa conscience lui rappela que le jeune homme aux cheveux argentés allait se retrouver seul et sans moyen de locomotion ... Également sans arme, étant donné qu'il avait laissé son flingue sur son siège .

-"Merde !" Jake fusa hors de la voiture, pointant le Walther et le fusil à pompe sur le brouillard . Le bourdonnement se faisait de plus en plus insistant ; Il devait à tout prix retrouver ce mec, le fourrer dans la voiture et partir le plus loin possible de cet endroit .
Les sons parasites qui encombraient son crâne commencèrent à lui vriller les tympans, et c'est à peine s'il entendit Thédric lui parler :

-"RAS dans ma maison. Par contre j'ai vu des humains depuis le haut du grenier. La bonne nouvelle c'est qu'ils avaient l'air parfaitement normaux, apparemment, il s'agit d'un mec énorme tenant une femme par la main. Qu'est-ce qu'on fait ?"

Jake déboula dans le grenier comme un diable, attrapa l'adolescent par le col et lui hurla pour couvrir les sons qui le rendait à moitié sourd ( Il ne se rendait pas compte que son interlocuteur ne les entendaient pas ) :

-"ON SE TAILLE !" L'orphelin, sans prêter attention aux protestations surprises de l'amnésique, que d'ailleurs, il n'entendait pas tant ses oreilles étaient saturées de bruits, traversa la maison en traînant derrière lui un Thédric sûrement sacrément surpris ; Il le jeta dans la voiture, lui tendit le fusil à pompe et démarra la voiture sans prendre la peine de refermer sa portière .
Il recula à une vitesse de cent-vingts kilomètres heure, sa portière s'arracha sur le mur de béton qui jouxtait le véhicule .

C'est alors qu'il le vit, rien qu'une fraction de seconde, et cela suffit à lui glacer le sang et à lui donner envie de vomir ; Une silhouette de femme, tellement difforme et sanglante, qu'elle n'avait plus rien d'humain . Ses organes semblaient changer de place constamment, et ses os craquaient à chaque pas avant de se ressouder au pas suivant . Elle n'était qu'à deux mètres derrière la voiture . Jake était figé, tétanisé par la peur .

Si la chose n'avait pas émis un râle profond et effrayant, l'instinct de survie de l'orphelin serait resté bloqué ; Il enfonça la pédale et recula à toute vitesse, écrasant la forme dans un bruit sourd . Sans se retourner, il s'enfuit de la rue à toute vitesse, projetant la voiture contre les boîtes aux lettres et les poteaux, mais ils s'en tirèrent bien .
Jake reprit son calme .

-"Des survivants, tu as dit ? Où ?"



La forme se reconstitua . Elle huma l'air et tituba, écœurante, vers le lieu où se trouvait ses cibles .

Francis continua sa route à travers les rues. La voiture ayant disparue dans la descente, il n'avait aucun moyen de savoir où elle était allée. Il préféra se concentrer sur son objectif principal et trouver un moyen de quitter cette ville.
Le brouillard empêchant toute visibilité, il marcha lentement, en longeant la rue. Des formes lui apparaissaient au loin, mais leur contour était indistinct et Francis ne pouvait pas savoir s'il s'agissait de la ville ou d'êtres vivants.
Il devait redoubler de prudence lorsque les bâtiments s'effaçaient pour laisser place à la circulation. N'ayant pas de repère sinon la direction des marquages au sol, il fila en ligne droite jusqu'à rencontrer des marches de pierres.
Il en monta une dizaine avant de tomber devant la porte de l'église.

Une église, après tout c'était un abri comme un autre, et puis s'il y avait moyen de monter jusqu'au clocher, il aurait une chance de voir jusqu'où la nappe brumeuse s'étendait.
Poussant la lourde porte, il pénétra dans un grand hall, dans lequel se trouvait plusieurs bancs séparés par un tapis au centre qui menait de l'entrée à l'autel.

- Restez ici Mme Walters, je vais voir si tout est calme.
- Ne tardez pas trop, je ne suis pas rassurée lorsque je suis seule, même dans ce genre d'endroit.

L'officier inspecta les issues arrières, l'office et les appartements où étaient rangé le matériels pour les messes. Au premier constat, il ne voyait pas âme qui vive, ce qui l'inquiétait davantage, le prêtre avait toujours l'habitude de veiller tard. Il regarda sa montre, et fût étonné que cette dernière n'indique que le début de l'après midi malgré la luminosité qui était sur le déclin. Mais ce qui le surpris le plus, c'était que la trotteuse n'avançait plus, pire, elle semblait reculer.

- Ah ben voilà autre chose..., dit-il en tapotant sur le cadran. Mais l'aiguille ne se décidait pas à faire autre chose.

Il s'apprêta à revenir lorsqu'un bruit de verre brisé, suivi d'un cri retentis depuis la salle dans laquelle Mme Walters se trouvait. Pressant le pas, il sortit son arme et pénétra dans le hall.
La femme était tombé à genoux dans une tentative de fuite en direction de l'autel. Devant elle se trouvait une créature d'aspect repoussant, d'aspect humanoïde mais n'ayant aucun rapport avec quelqu'un de normal : une tête cadavérique avec la mâchoire inférieure manquante et remplacée par des appendices crochus. Un torse dont la cage thoracique à l'air libre s'ouvrait puis se refermait par intermittence, dévoilant un orifice circulaire aux dents pointues. L'abdomen était évidé et plusieurs petits tentacules s'agitaient frénétiquement en lieu et place d'intestins. Des bras dont les os pointus perçaient la peau aux épaules et dont les mains se terminaient par d'autres de ces excroissances osseuses à la manière d'une pince. Derrière la créature, trois tentacules s'agitaient à la manière de fouets, chacune possédait une sorte de dard à son extrémité. Les jambes étaient arrachées et ne soutenaient plus le corps, à la place, trois pieds de chair entrelacée maintenaient cette monstruosité en équilibre.

L'horreur avait détruit le vitrail situé juste en dessous de l'entrée, Francis considéra la situation. Sa protégée était à une dizaine de mètres et la créature semblait se mouvoir avec difficulté, il réagit promptement.
Un premier tir fila droit sur le torse du monstre, stoppant sa course et lui arrachant un cri ressemblant à un gargouillement suraigüe. Le bruit du coup de feu fît revenir Mme Walters à la réalité et elle tenta de ramper jusqu'à l'autel.
Francis se déplaçait également dans cette direction sans cesser de nourrir son tir. La créature encaissait les balles avec une extraordinaire efficacité, mais semblait perdre progressivement en vigueur. Un tir à la tête creusa en partie le crâne de la créature, mais même cela ne semblait pas lui faire plus d'effet.
Francis consulta son chargeur, il lui restait six coups avant de devoir recharger. Il ne voulait pas gaspiller un chargeur entier pour un seul ennemi, la ville devait certainement grouiller de ces... choses.
Il se fît patient, observant un point de la créature plus faible qu'un autre. Son attention se focalisa sur le thorax qui s'ouvrait par moments. La sorte de bouche qu'il cachait devais être assez faible si elle était protégée de la sorte. Il cala son arme sur son bras et attendit, patient, que l'occasion se présente.
Un tir bien placé fusa droit dans l'étrange bouche circulaire, transperçant la créature. Cette dernière hurla de douleur et s'écroula sur le dos.

Francis souffla, il avait trouvé son point faible. Mais il redoutait que les autres créatures ressemblent à cette caricature d'humain, elles devaient avoir leurs propres points sensibles. Il s'en alla vers Mme Walters et l'aida à se mettre sur ses jambes.
Soudain, un dernier mouvement de la créature et l'une de ses tentacules dorsales envoya un dard sur l'épaule gauche de la femme, lui arrachant un cri de douleur. Réagissant instinctivement, Francis pivota et tira trois autres balles sur le cadavre, qui ne bougeait désormais plus.

- Merde! Comment ais-je pût être si négligent? Dit-il en retirant le dard et pansant la plaie en déchirant une de ses manches. Je suis désolé Mme Walters, je n'avais pas prévu cette réaction.
- Non, ne soyez pas désolé, vous ne pouviez pas savoir... Merci d'être revenu.
- A vot' service!

Il avait prononcé cette phrase de façon tout à fait machinale. Le bandage de fortune terminé, il entreprit de chercher une pharmacie ou un hôpital afin de mieux traiter la plaie. Mme Walters, le bras immobilisé dans un bandage, le suivait, tenant son bras de sa main valide.

-Ben je ne suis pas sûr de leur nature exacte, mais il me semblait qu'ils étaient humains. Par contre je ne sais pas par où ils sont allés.

Thedric médita alors un moment sur la situation alors que Jack faisait le tour du quartier avec la voiture profitant que la brume s'était entièrement dissipée. Mais ils ne trouvèrent pas d'autres survivants.
Le jeune homme aux cheveux gris qui n'avait pas souvenir avoir été un leader par le passé, ni un avoir de souvenir tout court, songea-t-il aussi, se tourna vers le pilote et lui demanda :

-Bon, tu sembles avoir plus d'expérience dans la survie que moi, mec, on essaie de retrouver ces types ou on essaye de sortir de cette ville infernale ?

En sortant de l'église, Francis et sa protégée restèrent quelque peu béas : le brouillard avait totalement disparu. Le soleil ne perçait toujours pas l'épaisse couche de nuages dans le ciel mais on pouvait y voir désormais, ce qui n'était pas une mauvaise chose.

Ils ne mirent pas longtemps à trouver la pharmacie. L'intérieur était quelque peu délabré mais les stocks comportaient quelques cartons en bon état.
S'aidant d'une pince à épiler, Francis retira les quelques débris de dard restant dans la plaie, il semblait que le bout s'était cassé au moment de la pénétration. La plaie n'était franchement pas très belle à voir, le projectile avait creusé un trou d'un demi centimètre de diamètre et s'enfonçait jusqu'à trois centimètres. Les veines autours avaient commencé à noircir . La future mère avait du mordre dans un tissu afin de ne pas hurler durant l'opération, Francis était allé aussi vite qu'il le pouvait, retirant la tête du dard, désinfectant la plaie en y appliquant une compresse pour enfin la recouvrir d'un bandage. La jeune femme gardait son bras replié au moyen d'une attache, le fait de l'étendre accentuait la douleur.
Le policier trouva une couverture dans les décombres. Il en profita pour confectionner un lit de fortune afin que Mme Walters puisse se remettre de ses émotions.
Puis, ayant fait le tour du commerce pour s'assurer qu'il n'y avait rien de particulier, il sortit afin de surveiller les alentours.

-"Bon, tu sembles avoir plus d'expérience dans la survie que moi, mec, on essaie de retrouver ces types ou on essaye de sortir de cette ville infernale ?"

Jake médita la question en faisant un ultime tour de quartier . S'ils quittait la ville maintenant, avec un brouillard quasiment inexistant, ils devraient arriver à l'autoroute en moins de deux heures, et de là, avertir les forces de l'ordre .
L'orphelin répugnait à laisser deux personnes, quelle que soit leur origine, dans cet enfer .

-"Bon ... On fait le plein puis on se taille ."

Fut la seule réponse de Jake . Après tout, que devait-il à cette ville ? Des années de rejet, de dédain et de solitude .

Il roula en direction de la pompe à essence, en espérant au fond de lui que les deux humains les verraient .

[hrp] Désolé pour ce retard !![/hrp]

Alors que Jack avait stoppé la voiture sous le douteux couvert d'une station délabrée, Thedric nota que la lumière perçait désormais les épais nuages à basse altitude. Il se dégourdi les jambes en marchant nonchalamment le long du parking. Il se fut coupé net dans ses cogitations par des coups de feu.
Plusieurs coups de feu.

-Jack, viens voir. T'entends ? Ça vient de l'église... tu penses que c'est plus malin de s'en éloigner ou bien de voir de quoi il s'agit ? Moi, en tout cas... je t'ai trouvé grâce à des coups de feu... eh pis... c'est peut être les deux types que j'ai vu passer, avant...