Première mission : Celui qui doit vivre

Katsuyori écoutait avec attention les recommandations de son supérieur hiérarchique qui mit en place les hommes et les défenses dédiés à la protection de la muraille Est.

Les ordres étaient très clairs et ne souffraient d’aucune ambiguïté. Tenir coûte que coûte, à n’importe quel prix, au déferlement attendu au lendemain du premier jour des hostilités. Les troupes avaient combattu sans relâche et les brèches se faisaient déjà apercevoir dans les murailles pourtant réputées auparavant infranchissables. Chaque Samouraï haut gradé avait reçu la charge d’une nouvelle section composée à la va-vite d’une valeur guerrière hétérogène et dont certaines étaient discutables.
Le dernier représentant des Takeda avait hérité du poste de second d’une section dirigée par une Onna bugeisha du nom d’Oda Shizuka qu’il avait déjà rencontré lors de précédents conflits. Samouraï-ko de haut rang âgée d’un peu plus de 25 ans détenait déjà une grande renommée et était facilement reconnaissable grâce à la longue chevelure blanche qu’elle portait depuis sa naissance.

" C’est un honneur de combattre encore une fois à vos côtés Shizuka-sama. "

" De même Kastuyori-san, je prie pour que nos soldats tiennent bons. "

La quarantaine d’hommes que constitués la section était composé d’une dizaine de Samouraïs de bas rang, d’Ashigarus complétés par quelques Rônins dont les motivations étaient différentes et dont la moyenne d’âge était d’une trentaine d’années.
Leurs missions étaient de tenir une portion de la muraille et de repousser par tous les moyens à leurs dispositions l’assaut des Onis. Sentant le courage des hommes tenir à un fil, Katsuyori demanda la permission à sa supérieure de parler aux hommes, ce qu’elle lui accorda sur le champ.
D’une voix grave et puissante, il choisi ses mots pour frapper au mieux le cœur des soldats qui l’entouraient.


" Je me nomme Takeda Katsuyori, j’ai combattu toute ma vie pour la défense de l’Empire, de mon clan et de ma famille. Aujourd’hui, vous vous battez non seulement pour l’Empire, mais aussi pour vos familles, pour vos proches mais aussi pour vos terres. Ces terres autrefois si luxuriantes qui risquent d’être à jamais condamnées par ces horreurs qui nous encerclent. Chaque homme à côté de vous est votre frère d’armes, battez vous comme un seul homme et nous gagnerons. Ne reculez pas, jamais et rester groupés. Renvoyez ces infâmes fils de chien, qui veulent détruire le monde tels que nous le connaissons d’où ils viennent. Pour l’Empire ! "

Une clameur s’éleva et ils prirent positions avec leurs armes en haut de la muraille, les archers en première position et les autres seulement équipés d’armes de corps à corps en renforts juste derrière. La guerrière se plaça juste à côté de Katsuyori.

" Pensez-vous qu’ils tiendront les rangs Kastuyori-san ? "

" Nous le verrons bien assez tôt Shizuka-sama… "

10 heures plus tard.

L’assaut fut terrible et malgré tout les efforts déployés, la muraille Est avait cédé et des groupes d’Onis erraient désormais à l’intérieur de l’enceinte de la citadelle. L’ordre avait été donné de se replier afin de préparer des contre-attaques et de limiter au mieux les pertes humaines.
L’Onna bugeisha étant grièvement blessée, Katsuyori l’avait prise par la taille et avait placé son bras au dessus de son épaule pour mieux la transporter. Il avait fait pas moins d’un kilomètre à l’intérieur de la forteresse à la recherche d’un endroit ou la faire soigner. La tâche fut rendu compliqué tant son visage était recouvert de sang et il distingua à peine plus de quelques mètres devant lui. Il trouva finalement non sans mal une auberge et se décida à pousser la porte du pied.

" Vite ", hurla t-il, " Il me faut un prêtre ou un soigneur je vous en prie. "

Katsuyori l’avait attendu dans la salle, le temps pour elle de soigner sa Gunso dans le coin dédié aux femmes.

Il semblait agité et nerveux, le visage recouvert de sang et d’égratignures diverses. Sa mâchoire, elle, était légèrement disloquée dû à un mauvais coup reçu au combat. Ainsi, il décida, sans attendre un soigneur de la remettre en place. Après tout, combien de fois ses différents membres s’étaient cassés à l’entrainement. Sa mâchoire fut remise en place à l’aide d’un vif mouvement de sa main droite posée sur son menton, le tout accompagné d’un bruit sourd et d’un léger rictus.

Il posa son Tetsubo sur la table, à la recherche d’un drap et d’un peu d’eau pour nettoyer ses mains. Une fois sa recherche accomplie, il enleva le sang présent et passa un coup sur son visage à l’aide du tissu. Il toussa et ne s’empêcher de cracher au sol une masse informe de salive mélangé de sang. Il se nettoya du mieux qu’il pu pour ne pas souiller son armure et son âme.

" Pardonne moi, Sensei, j’ai du me replier devant l’ennemie. "


Quelques temps plus tard, la jeune soignante revint enfin dans la grande salle et s’entretint avec lui de l’état de santé précaire d’Oda Shizuka.
C’est une lionne, elle s’en sortira, j’en suis sur et je l’espère, l’Empire à besoin de gens de sa trempe, je vous en supplie, je donnerai ma vie pour elle sans hésiter.
Ils se dirigèrent vers la cuisine, le combat avait été rude et le guerrier était affamé et fatigué. La jeune femme lui proposa deux bols qu’il prit avec joie, tandis qu’un autre homme en armure fit son apparition, ils s’échangèrent quelques mots puis vint se présenter devant le Samouraï qui fit de même en se courbant légèrement.

" Katsuyori de la famille Takeda. Second de la troisième section, Porte Est. Notre Gunso est blessée et se repose à l’étage. L’assaut à été éprouvant et certains lâches ont déserté dès les premières minutes de la bataille. Il doit me rester moins de cinq combattants en état de porter une arme, avant de s’interrompre le regard ailleurs. "

9 heures, après le début des hostilités, les cors avaient résonné, annonçant la retraite qui fut aussi chaotique que désordonnée. Bon nombres de soldats furent piétinés dont les cris glaçants figèrent le cœur des autres. Kastuyori, blessé, demanda à l’un de ses hommes qui fuyait le combat ou se trouvait la chef de section, ce ne fut qu’après de longues minutes qu’il l’a trouva, tuant un Oni d’un coup vif à la tête avant de s’écrouler, elle aussi.

" Shizuka, Shizuka, réveille toi ", lui dit-il en oubliant l’étiquette et en lui tapotant les joues après lui avoir enlevé son casque.

" Va-t'en, Kitsu-san, laisse-moi là. "

" Ca serait un déshonneur que te laisser là. "


" Takeda Kastuyori vous allez bien ? "

" Oui, oui, excusez-moi. Cependant les canons et arquebuses Gaijin marchent bien contre ces créatures. Bien qu’elles soient déshonorantes pour un Samouraï. "

Il s’installa à une table, se préparant à manger, quand un éclair lui vint.

Youhei-sama… Youhei-sama, le fils de l’empereur ?

Depuis qu'elle était arrivée, Fubuki avait l'impression de n'avoir pas dormi. Elle montait la garde, combattait, aidait à transporter les blessés jusqu'à l'infirmerie de campagne, emportait les ravitaillements sur son bout de mur, ignorait de son mieux les quolibets murmurés de certains imbéciles de mercenaires mal lunés, et recommençait au début. Et ce jusqu'à la dernière passe. Alors qu'elle revenait des cuisines avec un bol de riz, elle tomba purement par hasard sur un jardin intérieur magnifique. Comme tombée en méditation, elle en venait à oublier le fracas des armes, le cri des hommes blessés, son propre sang qui coulait d'une blessure légère à l'avant-bras, le sang de ses compagnons et des Onis morts maculant son armure, et même son nom, répété sans cesse par une grosse voix, appartenant certainement à quelqu'un ayant l'habitude de se faire obéir. Au bout d'une dizaine de minutes, elle finit par décrocher ses yeux de cette vision sublime au milieu du chaos et tourna son beau visage fin vers le Gunso Taeda.

Reprenant soudainement conscience de la situation, elle salua militairement le Gunso et attendit qu'il poursuive. Celui-ci la regarda quelques instants, l'air contrarié, puis sourit fugacement avant d'enchaîner:

" Ishii-kun, je vous trouve enfin. Vos compétences ne sont plus nécessaires sur le mur à partir de ce jour." A ces mots, et malgré un visage impassible, l'esprit de la jeune femme s'effondrait. En quoi avait-elle failli? Faudrait-il qu'elle ne puisse jamais satisfaire les attentes de ses parents, même lorsqu'il s'agissait de simplement mourir avec honneur?

Ayant probablement ressenti les sentiments qui tourbillonnaient dans les grands yeux bleu nuit de son interlocuteur, Taeda enchaîna rapidement avec un léger hochement de tête négatif.

"Une autre mission doit vous êtres confiée. Pas sur les murs, pas en logistique, même si j'ai cru comprendre d'après les rapports de certains que vous excelliez en ce domaine, mais simplement dans un contexte un peu spécial." Il regarda discrètement autour de lui. "Vous quitterez demain matin le mur de Shiroi No Tsuki, dans la plus grand discrétion. Vous passerez prendre Takeda-san avant de rejoindre deux autres personnes. Vous êtes en charge de la protection du groupe. Quoi qu'il advienne, ceux que vous escortez doivent arriver à bon port. Allez vous reposer maintenant et nous comptons sur vous."

Fubuki salua et regarda Taeda-san partir en donnant quelques ordres lorsqu'il croisait un soldat oisif. Elle se tourna ensuite à nouveau vers le jardin en ressassant ce qui lui avait été ordonné. Elle sortit une lettre froissée de derrière son armure, cassa à nouveau le sceau Ishii qui l'ornait et la relut lentement. Il s'agissait de quelques lignes couchées sur le papier, lui donnant l'ordre de partir à Shiroi No Tsuki, d'y rester, et d'y mourir avec honneur.
Elle la replia consciencieusement et la rangea avant de considérer les options qui s'offraient à elle. Ou elle désobéissait aux ordres et s'arrangeait pour mourir au plus vite sur les remparts, mais la préméditation enlevait un peu l'honneur du geste. Ou elle suivait les ordres du Gunso, se lançant dans une mission dont elle ne connaissait rien, pour aller les Kamis seuls savaient où, et probablement mourir sans honneur car personne n'en saurait jamais rien. D'un autre côté, cette escorte devait probablement avoir une quelconque importance, sinon la discrétion n'aurait pas lieu d'être.
La mort dans l'âme, elle décida donc de suivre les ordres du Gunso, et se dirigea à petit pas vers les cuisines afin de rassembler les fournitures nécessaires à un voyage, en terme de nourriture, mais aussi de matériel, puis elle revint attendre le coucher puis le lever du soleil dans le petit jardin intérieur, en polissant avec attention ses armes.

Le lendemain matin, elle se dirigea lentement vers le point de rendez-vous fixé par le Gunso avec un certain Takeda-san. Lorsqu'elle le vit, elle eut l'impression de voir son exact opposé, un samouraï farouche et couturé de cicatrices, qui semblait ne vivre que pour et par le sabre. Un peu impressionnée, elle salua sommairement et se présenta rapidement:

"Vous devez être Takeda-san? Ishii Fubuki, j'appartiens désormais à votre unité."

Alors qu'ils se dirigeaient vers le reste de leur groupe, ceux qu'ils devaient escorter, elle regretta presque d'avoir pris cette décision et de ne pas s'être jetée du haut des murailles au milieu des Onis écumants. Cela lui aurait presque semblé une sinécure, maintenant qu'elle découvrait son chef d'unité.

Elle marcha donc un pas en retrait et aperçut ensuite le reste de son groupe, une jeune femme, qu'elle avait maintes fois aperçue dans l'auberge-infirmerie, une jeune guérisseuse, et un soldat visiblement très blessé qu'elle n'avait aperçu qu'une fois sur le mur, mais qu'elle n'aurait pu identifier. Lorsque Takeda-san s'arrêta, elle fit de même et salua la jeune femme et le blessé, dans l'expectative...

1 heure avant le rendez-vous

Mots de Takeda Aioko à Takeda Katsuyori : « Tu n’es pas né femme, mais personne ne peut-être parfait…».

L’odeur de sang emplissait cette grande pièce dans laquelle le vétéran s’était misérablement vautré pour la nuit. A moitié allongé sur une des tables basses qui servaient de rudimentaires mobiliers de couchage pour les soldats de passages. Katsuyori se redressa brutalement, réveillé par une voix de femme. Il se tourna rapidement et ne vit strictement personne mis à part les deux guerriers endormis rencontrés la veille. En grognant, Il baissa la tête, puis vint ensuite se frotter les yeux avec sa main, tout en maudissant le litre de Saké de mauvaise qualité ingurgité durant la soirée. Ses veines tapaient brutalement sur ses tempes et sa tête lui fit un mal de chien. Après plusieurs essais infructueux, il se leva non sans mal et se dirigea vers l’extérieur de la pièce en trainant son Tetsubo sur le sol. Il prit la direction de la petite cour intérieure pour se rafraichir un peu et manger quelques victuailles.

Il entreprit alors une toilette et avec le soutien d’un des hommes présent, enleva le haut de son armure pour pouvoir nettoyer les tâches de sang mais surtout pour y faire partir l’odeur. Il se frotta le corps à l’aide d’un chiffon trempé d’une eau bien froide puis plongea sa tête dans une bassine de la même température. Cette technique bien que brutale avait le mérite de le réveiller assez rapidement après une nuit bien agité. Une vingtaine de minutes plus tard après avoir remit son armure, il se dirigea près d’un brasero ou cuisait un étrange bouillon et se servit un grand bol tout en regardant, le thé qu’un vieil homme préparé avec une extrême délicatesse.

" Le thé c’est tout ce que je puis offrir en plus de ma vie ". Dit-il accompagner d’un léger soupir dans la voix.

Je n’ai à offrir que ma vie… poursuivit le Samouraï tout en finissant rapidement son bol. Le vieil homme lui proposa une tasse de thé qu’il ne put refuser et la but lentement tout en fermant les yeux. Le thé et la cérémonie qui l’accompagnait, étaient les seuls moments de paix et de la calme durant sa jeunesse et l’arôme puissant le ramenait plus de 15 ans en arrière.

" Merci vieil homme, puisiez-vous survivre à cette semaine. "

Tout en se relevant et en s’inclinant légèrement, il prit ses dernières affaires et récupéra ses armes. L’heure du rendez-vous approchant, il partit à la rencontre du samouraï qu’il devait rencontrer et qui devait les accompagné durant la mission. Il arriva au point de rendez-vous, malgré lui un peu en avance, regardant le soleil en raclant sa gorge, tout en inspectant la lame de son Katana.

Une jeune samouraï-ko à l’allure lente se rapprocha vers lui et la regarda d’un œil distrait, tant il était porté sur sa lame. Bien qu’un peu jeune, la présence de sang et d’entailles sur son armure, semblé signifier qu’elle avait déjà goûté aux joies du combat. D’une taille supérieure à la moyenne, elle lui rappelait quelques peu sa tante, surement une main de fer dans un gant de velours. Elle se présenta ensuite rapidement à lui et il fit de même d’un ton grave :

" Takeda Katsuyori, second d’une unité décimée, à croire que les personnes sous mes ordres meurent prématurément… "

Ils prirent la direction vers l’auberge de joie à une centaine de mètres de l’endroit d’où ils se trouvaient actuellement.

" Vous pensez couper un Oni en deux avec vos lames, Vous feriez plus de mal avec un Boken. " Tout en regardant le Wakizashi et le Tanto qu’elle portait à la ceinture, puis remontant ses yeux sur son bras ou le tissu était ensanglanté.
" Il faudrait soigner cette blessure, ou la nettoyer si c’est déjà fait, les Onis sont attirés par le sang, et cela les exciteraient plutôt d’ailleurs, en souriant légèrement. "

Ils arrivèrent près d’une des entrées de l’auberge, ou se tenaient la prêtresse et le prince. Ils se saluèrent brièvement. Le guerrier prit alors des nouvelles d’Oda Shizuka, en attendant les ordres et la lettre de mission.

Lorsqu'ils arrivèrent, Takeda-san et elle, auprès de leurs compagnons, Fubuki réfléchissait encore à la remarque du samouraï. Elle se demandait s'il pensait sincèrement ce qu'il avait dit, s'il pensait réellement qu'elle n'était pas efficace à cause de son arme, ou s'il cherchait simplement à la rabaisser comme d'autres avant lui. Elle finit par se décider sur un entre-deux. Il ne l'appréciait pas, et choisissait de la critiquer sur ce point comme il aurait pu le faire sur un autre. Son objectif n'était pas de prouver à cet homme qu'elle pouvait faire mieux que lui, simplement d'accomplir sa mission et de mourir comme un guerrier, pour que sa famille puisse dire qu'elle avait eu une valeur, en définitive...

Quand la jeune femme, Tomo-san, leur annonça qu'il leur fallait escorter le Prince jusqu'au Palais du Mikado, elle réprima un sursaut. Une telle mission? Pour eux? D'où la discrétion, probablement... Et d'où ce groupe hétéroclite. Ou peut-être pas... La présence de la guérisseuse faisait sens, surtout quand on prenait en compte l'état du Prince... Un guerrier pour la défense... Un pour l'aider à marcher? Peut-être bien...

Alors qu'elle se demandait encore quelle était son utilité dans ce groupe, Tomo-san s'approcha d'elle, lui parla, soigna sa blessure et changea le bandage. Toujours perdue dans ses pensées, elle la remercia d'un hochement de tête, qui n'en était pas moins sincère, mais guère concentré.

Puis ses pensées se tournèrent vers la carte. Il leur fallait partir pendant qu'il leur était possible de ne pas attirer l'attention. Ne se sentant pas d'imposer cette décision à Takeda-san, qui avait été désigné comme responsable militaire de la mission à cause de l'état du Prince, elle ajusta sans grande discrétion sa tenue et ses armes, ramassant son sac et se rapprochant de Tomo-san, revenue auprès du Prince.

"Notre avantage tournera et nous aurons l'air suspect si nous attendons alors que d'autres se battent autour de nous..." Elle laissa sa phrase en suspens, offrant à d'autres la tâche de prendre la décision.

Cependant, et sans qu'elle l'ait voulu, son argument sembla faire mouche, car chacun rassembla ses affaires et regarda anxieusement autour de lui avant de prendre la direction du sud, en ayant l'air le moins discret possible pour l'être le plus. Le Prince semblait marcher difficilement, et Fubuki resta à ses côtés, proche de Tomo-san, afin de le soutenir. Takeda-san serait de toute évidence leur garde du corps, car comme il l'avait suggéré, les armes de la jeune samouraï n'étaient pas adaptées pour trancher dans un grand groupe d'Onis, mais plutôt pour agir vite.

Elle craignait déjà que la porte Sud ait été fermée pour éviter la propagation des Onis qui avaient infesté les quartiers limitrophes. Il leur faudrait en traverser au moins un afin de tenter leur chance à la porte...

Toute perdue dans ses pensées qu'elle était, avançant à un rythme régulier en suivant le pas lourd de Takeda-san, elle ne comprit d'abord pas ce qui avait traversé sa bulle de réflexion. C'est alors qu'elle reconnu le bruit caractéristique qui l'avait dérangée... Des bruits de pas qui couvraient ceux de leur groupe, et s'approchant rapidement...


[hrp] Juste pour que personne ne s'inquiète en voyant que j'avais édité mes postes, c'est de la pure correction orthographique que je fais quelques jours après, au calme. Je ne change rien à l'histoire ni au sens des phrases modifiées...[/hrp]

Le Takeda prit la tête du modeste convoi, pour en assurer la première ligne, Tetsubo sur l’épaule et main posée sur la garde de son Katana. Adoptant un air plus menaçant qu’auparavant pour dissuader les éventuels pillards ou personnes de passage de trop s’approcher du groupe et en maugréant ses ordres à demi-voix, A savoir, le Prince au milieu et la jeune samouraï-ko sur les flancs les plus à découvert.

Il décida de prendre la direction de l’Ouest pour éviter les positions les plus à L’Est qui étaient les plus susceptibles d’être occupées par les Onis. L’odeur devint plus supportable à mesure qu’il quittait la ligne de front. Sans doute, cela les aiderez dans leurs recherches des endroits les moins dangereux pour le Prince.

Le soleil était déjà haut dans le ciel, et l’armure lourde de couleur sombre que portait le Samouraï devint vite un fardeau avec lequel, il fallait composer. Aussi préféra t-il ne pas portait de casque pour ne pas entraver sa vision, ni sa respiration et limiter son essoufflement lors des combats qui est souvent la clé lors de long affrontement.

Ils marchèrent un peu moins d’une heure avant d’entendre des bruits de pas, qui vinrent dans leur direction. Il fit un bref signe du doigt qui les invita à se mettre à couvert près d’une petite bâtisse. [/i]

"Fubuki-san venez avec moi. Prêtresse restez avec le Prince."

Ils se mirent à l’affut du moindre danger, le temps d’analyser la situation. Une quinzaine d’hommes avec un étendard s’approchèrent par une des routes secondaires. Jusqu'à se rapprocher jusqu'à une vingtaines de mètres. Le samouraï ne reconnaissant pas l’étendard des soldats, se mit en position de combat.

Le chef de l’escouade s’approcha, s’inclina et se présenta dans un japonais balbutiant.

"Sergent Choi, Armée de Corée, nous recherchons le reste de nos troupes, vers l’Est."

Takeda lui montra la direction qu’il supposait être la bonne, tout en restant prudent ne sachant que trop leurs intentions, sachant qu’ils étaient en guerre contre le Japon quelques années auparavant et dont leurs Keobukseon avait ridiculisé la marine du Shogun. Katsuyori fit un signe de tête et leur souhaita bonne chance dans leurs recherches.

"Je ne savais pas que des coréens étaient ici…"

La surprise était grande pour le guerrier et seule la réponse donnée par le Prince mit fin à son ignorance.

"Un détachement coréens de 250 hommes est arrivé, voilà plus d’une semaine. Ils ne seront pas de trop pour combattre ceux qui veulent nous anéantir."

Ils se remirent ensuite en route, en bifurquant légèrement vers le Sud.

Tomo avait suivi le groupe en silence, soutenant avec Fubuki-san le Prince qui avait des difficultés à avancer. En plus de le soutenir, la jeune femme restait concentrer sur son état de santé, sa respiration, les pulsations de son cœur et aussi les bandages barrant tout son torse. Gérer tout cela lui prenait tellement d'attention que nombreuse fois elle fut entrainé par Fubuki dans la bonne direction alors qu'elle dérivait du mauvais côté, et lorsque le groupe de Coréen se présenta, elle sursauta, n'ayant absolument pas fait attention au monde qui l'entourait. La brève entrevu avec le sergent Choi provoqua un léger malaise sur le visage de coutume très serein de la prêtresse. Intérieurement, elle pensait aux mercenaires français qui avaient été engagés eux aussi pour aider l'Empereur à se défendre des Onis. Ces Coréens n'allaient peut être pas être la seule faction étrangères dont ils croiseraient le chemin. Ils reprirent enfin la route et cela en s'avançant un peu plus vers le Sud étant donné que la porte Ouest du bloc Est était condamnée. On l'avait très probablement scellé non seulement physiquement, coulé dans du fer en fusion, encré au plus profond du sol, mais également de manière mystique avec des malédictions. En soi même, ces portes condamnées étaient encore mieux protégée que celle des remparts extérieurs et même les alliés ne pouvaient circuler près d'elle. Après bien une bonne heure de marche, le soleil affichait fièrement son minois dans le ciel. Le ciel n'était pas couvert et c'était sans doute à leurs désavantages. Tomo-chan progressait toujours au même rythme, mais le poids du Prince sur son épaule se faisait de plus en plus insistante, elle le sentait ralentir contre son flanc, et aussi prendre plus appui sur elle par ac-coup. En lui jetant un brève coup d'œil inquiet, elle s'aperçut que celui-ci retenait son souffle, des perles du sueur suintait le long de ses tempes dégagées.

" Stop ! " lâche-t-elle en mettant en exécution son ordre. " Il est temps de faire une pause. Youhei-sama a besoin de récupérer un peu sinon ses plaies vont se rouvrir. "

La troupe s'arrêta en lui jetant un regard et le silence s'installa quelques secondes, le temps que tous le monde se concerte d'un coup d'œil avant d'acquiescer la demande. En premier lieu ils cherchèrent dans les bâtisses aux alentours une maison vide... les allées rectilignes offraient un pléthore de maisons traditionnelles japonaise en bois, parfois très rustique, appartenant à des pauvres, parfois détruite par un affrontement. Leur choix s'arrêta sur une maison modeste et assez grande pour accueillir tous, il n'y avait qu'une porte frontale et une fenêtre déjà cloutée de planche afin d'obstruer son ouverture. Une fois à l'intérieur, la formation se posa ainsi, Takeda-san près de la porte, Fubuki-san près de la fenêtre et la prêtresse au soin au fond de la salle tatamis 6 mat avec son patient. A le regarder... on pouvait voir que le Prince s'était laissé faire à contre-cœur, il serrait les dents et évitait de croiser tout regard. La miko fronça les sourcils et entama un sort de soin Kikou sur sa personne, tout de suite les nerfs battant de son cou semblèrent se détendre mais son expression faciale ne changea pas. Après quelques minutes, il ouvrit la bouche, lui qui avait peu parlé depuis le début de la mission, pour s'adresser directement à Takeda-san.

" Takeda Gunso... soyez honnête je vous prie. Quelles sont nos chances d'arriver à destination tous saint et sauf ? "

Le samouraï porta son regard dur de combattant expérimenté sur le frêle Prince qui n'en resta pas moins fixé sur sa personne. Le regard de Youhei exprimait à la fois un profond sérieux, de la franchise et évoquait également le regard avisé des plus sages. Il était visiblement inutile de lui mentir.

" Tous ? Aucune. Il n'y a aucune chance pour que nous arrivions tous à bon port. "

Le visage de Tomo-chan blémit légèrement à ces mots. Non, elle n'avait pas peur de mourir, mais soudainement le poids sur ses épaules s'alourdit considérablement. Elle se sentait profondément responsable de la vie de chacun d'entre eux, si ne serait-ce même que Fubuki-san venait à être blessée, alors elle se sentirait plus que concernée. Terminant le Kikou la miko s'accorda un temps pour reprendre son souffle, détournant le regard du groupe.
A ce moment, le Prince lâcha un bruyant soupire et vint s'adosser contre la cloison. Est-ce que le sacrifice de trois vie valait la sienne ? aussi "fils de l'Empereur " qu'il était ? Et dire qu'au début il n'avait même pas été d'accord pour être sauvé. C'était un taisho qui l'avait sorti d'un tas de cadavre fumant d'Onis, le voyant encore en vie il l'avait emmené à l'auberge au lieu de l'aider au rite du seppuku. D'une certaine manière son honneur de guerrier était déjà souillé de manière irrémédiable.

" Si cette fichue expédition commence à tourner au vinaigre... vous avez tous pour ordre de vous enfuir et de sauver votre peau. Perdre un soldat est peu comparé à 3 éléments. J'apprécie l'effort mais ce n'est pas en me sauvant qu'on gagnera cette guerre. "

Un frisson parcourut l'échine de Tomo-chan à ces mots, mais gardant le silence, elle attendit plutôt qu'un autre réagisse.

Le bruit des pas avait fait sortir Fubuki de sa transe méditative. Elle avait suivi, attentive, Takeda-san et rencontré la troupe coréenne. Elle avait remarqué que certains la regardaient avec curiosité, d'autres avec colère. Ils n'avaient sûrement pas beaucoup de femmes dans l'armée, là-bas...

Cependant, elle fut soulagée que ce ne fut pas des Onis. Et honteuse d'en être soulagée. Luttant contre ces sentiments, les sourcils froncés, elle remarqua que leur rythme ralentissait et que les pas du Prince semblaient plus lourds. D'ailleurs, peu de temps après ce constat, la jeune prêtresse demanda un arrêt. Elle croisa brièvement le regard de Takeda-san et hocha la tête. Le Prince avait bel et bien l'air d'en avoir besoin...

Ils s'installèrent donc dans une petite maison, et sa place fut assez naturellement à côté de la fenêtre, cloutée, seule autre entrée possible si aucun Oni ne décidait de faire le bélier pour enfoncer directement les murs... S'engagea une petite discussion qu'elle ne suivit que vaguement, excepté lorsque Takeda-san affirma qu'ils n'y survivraient pas tous. Cette remarque déclencha un petit sourire chez la jeune femme, qui n'en espérait pas moins. Cependant, la remarque du Prince la fit tiquer, et l'expression peinée et perdue de Tomo-san la poussa à répondre:

"Pensez-vous cela car vous considérez qu'être blessé et devoir fuir le champ de bataille est contraire à l'honneur? Jugez-vous que nous ne devrions pas mourir pour vous car cela entacherait ce même honneur?" Elle avait conscience que ses mots n'étaient peut-être pas bien choisis, ni bien venus, mais sa voix, basse et chaude, pour une fois loin d'être monocorde, animait les mots d'une intention plus pure que ce qu'ils semblaient refléter au premier abord.

"Tout général voit ses hommes mourir pour lui, et cela pèse sur son âme, mais pourtant, lorsqu'il gagne la bataille, son honneur est-il entaché? Le Général n'est pas qu'un homme, mon Prince, il est un symbole, et c'est également ce que vous êtes aujourd'hui. Vous êtes un symbole que l'Empereur est avec nous, lorsque vous combattez, côte-à-côte avec le plus humble des soldats, sur les remparts. Nous ne pouvons pas laisser mourir ce symbole, car cela nous affaiblirait. Un homme sans espoir est un homme mort, dans un siège, mon Prince...

Comme je vous le disais, les soldats meurent dans la bataille, ainsi va la vie, ainsi va la guerre. Et cependant, doutez-vous un seul instant qu'ils n'en soient pas fiers? Ils se battent et meurent pour une cause, pour un Seigneur, parce qu'on le leur ordonne... Mais lorsqu'ils ont un bon Général, c'est pour lui qu'ils se battent, et c'est ce pour quoi nous nous battons aujourd'hui.

Serions-nous encore des samouraïs, elle regarda Takeda-san, ou des gens de cœur, elle regarda cette fois Tomo-san, si nous vous abandonnions aux mains des Onis alors même que notre fierté, notre honneur et notre devoir sont de vous protéger? Si notre mort pèse sur votre conscience, mon Prince, comment la vôtre pèserait-elle sur nous?

Alors, et ce quoi qu'il m'en coûte, je n'obéirai pas à cet ordre, je ne vous abandonnerai pas sur le champ de bataille, blessé, au milieu des Onis... Si je ne dois pas survivre, je mourrai alors avec honneur, l'âme légère d'avoir accompli mon devoir et d'avoir prolongé, même de quelques minutes, la vie de mon Prince. Car ainsi vivons-nous, et ainsi mourons-nous..."

Elle se rendit alors compte qu'elle avait beaucoup parlé, et qu'elle avait tancé le Prince d'une façon inconvenante. Elle le salua donc profondément, d'un salut de guerrier, puis s'enferma dans le mutisme, guettant de quelconques bruits suspects qui pouvaient lui parvenir à travers les planches de bois qui scellaient la fenêtre.

Elle se rendit compte qu'elle avait parlé égoïstement. Peut-être ne pensaient-ils pas ainsi, Takeda-san et Tomo-san. Peut-être auraient-ils préféré être sur le Mur, à tuer plus d'Onis, ou sauver plus de gens. Mais elle savait que s'ils parvenaient à accomplir leur mission, leur groupe serait un symbole également. Quatre personnes, dont une prêtresse et un blessé, qui traversent les rangs Onis pour aller à la rencontre du Mikado... S'ils y étaient parvenus, qu'était capable de faire une armée face à ces mêmes ennemis?

Se rendant compte qu'elle s'emballait, elle fronça les sourcils et se reporta sur des pensées plus pragmatiques. Si elle avait fui en laissant le Prince derrière elle, cela aurait fini par se savoir, et elle aurait de toute façon dû se faire seppuku... Elle aurait eu devant les yeux le regard accusateur de sa mère, la jugeant inutile, et le regard haineux et jaloux de son frère, persuadé qu'elle essayait de voler sa place. Non, décidément, rien n'aurait pu la convaincre d'abandonner cette mission...

Parvenue à la fin de sa réflexion, elle se rendit compte que l'atmosphère confinée de la petite pièce accentuait encore la chaleur ressentie à l'extérieur, par cette journée chaude et ensoleillée s'il en était. Elle retira donc son casque et secoua la tête, libérant une longue tresse noire qui dévala le long de ses reins, et mettant à jour les traits fins et gracieux de son visage, d'ordinaire durcis par les rebords anguleux de l'armure familiale. Avisant un clou qui dépassait des planches, elle y attacha le casque, à portée de main et s'appuya à nouveau contre le mur, toute ouïe, la main sur la garde de son arme.

Malgré elle, elle ne pouvait s'empêcher de jeter de petits regards vers les membres de l'équipe, pour vérifier qu'elle n'avait pas trop parlé. Décidément, elle ne parviendrait jamais à être vraiment concentrée sur quelque chose...

La troupe s’était refugiée dans une modeste bâtisse, spacieuse mais difficilement défendable en cas d’attaque. Katsuyori prit position devant la porte, entrée principale de la maison, guettant la moindre menace. Il sortit une gourde en peau et en but quelques gorgées avant de s’en passer un peu sur l’armure et de l’envoyer à Fubuki.

La Miko installa du mieux qu’elle le pouvait le Prince en fond de la pièce principale, tandis que les deux Samouraïs assuraient la protection du lieu.

"Il ne faudrait pas trop trainer ici, cet endroit ne me dit rien qui vaille."

Mais c’était la remarque du Prince et ses ordres qui le frappèrent le plus durement. L’ordre de le laisser seul en cas de complication mais surtout de fuir le combat et la mission. Il ne put s’empêcher de le regarder d’un air sévère qui était accompagné d’un léger mépris à peine voilé. Lui qui voulait qu’ils abandonnent la voie et les codes qu’ils avaient suivi toutes leurs vies et qu’ils se déshonorent irrémédiablement, ainsi que leurs familles respectives. Au mieux, ce déshonneur entrainera un seppuku au pire celui de devenir Rônin. Ces paroles insensées étaient pour lui plus à rapprocher à celle d’un mourant, que celle d’un homme qui avait toute sa raison.

La samouraï-ko prit la parole en première, parlant longuement, le Takeda écouta distraitement sans détourner son regard porté sur le Prince. Naturellement, ils étaient du même avis et accompliraient leurs devoirs jusqu'à leurs morts.

"La discussion est close, le premier qui fuit sera exécuté, maintenant partons d’ici."

Le samouraï prépara ses affaires et sortit de la maison pour vérifier les alentours. Il ordonna aux autres de le suivre et ils se dirigèrent vers le Sud en direction d’une porte encore ouverte.

Ils passèrent devant un charnier à moitié consumé qui empestait encore la mort et dont des chiens mangés les restes encore fumant des hommes qui se trouvaient là. Les chiens visiblement apeurés, s’enfuirent en courant à l’approche de la troupe sauf un. D’habitude plus combattifs à défendre leur précieuse nourriture. Le dernier chien à l’allure inquiétante arracha de grand morceau et déchiqueté les os avec une force presque surnaturelle. Il leva la tête en direction des intrus, la moitié de son crane et de sa mâchoire étant à vif et lança un aboiement lugubre qui raisonna bientôt dans la petite place.

"Quelle est cette abomination ?" lança le Samouraï impassible.

La fumée du charnier obstrué la visibilité vers le Sud, mais le chien-démon regardait attentivement dans cette direction, d’où trois humanoïdes cornus de plus de deux mètres en sortirent. Ces Onis à la peau rouge portaient des morceaux d’armure et des Tetsubo et des Nagamaki à leurs tailles s’avancèrent près du groupe en criant des phrases blasphématoires dans une langue impie.
En regardant ses compagnons, le samouraï lança tout en préparant ses armes pour le combat qui allait s’engager :

"Par Amaterasu, c’est un beau jour pour combattre, ou pour mourir, mais tuons les avant."

Le chien, sous les ordres d’un des Onis, se lança le premier, et sauta à la hauteur de la tête du guerrier qui d’un coup puissant de son arme lui fractura la crane avant qu’il l’atteigne. L’animal retomba lourdement au sol prit de violentes convulsions. Le Takeda leva une deuxième fois son arme et le frappa tellement fort sur ses côtes, qu’elles se brisèrent et disloqua la bête en deux. Il se remit en position, près de la samouraï-ko et attendit de pied ferme l’assaut violent des Onis...

A l'annonce du départ, Fubuki renvoya la gourde à Takeda-san, enroula à nouveau ses cheveux et remit son casque. A l'affût du moindre danger, elle se sentait tendue, sans trop savoir pourquoi. Avançant à proximité du Prince, ses mains ne s'éloignaient jamais trop de la garde de ses armes.

Lorsqu'ils atteignirent la petite place, encombrée par un bûcher horrible, elle sentit une sorte de nausée mêlée de peur et d'excitation l'envahir. Et quand le chien-démon tourna la tête vers eux, cette sensation la quitta, pour ne plus laisser place qu'aux réflexions qui précèdent le combat.

A peine le temps de dégainer que trois Onis surgissaient de la fumée et que le chien bondissait sur Takeda-san. Celui-ci l'acheva d'un coup violent entre les deux yeux, avant de la couper "proprement" en deux. Puis les démons bondirent et la bataille s'engagea.

Du coin de l’œil, elle vit Tomo-san déployer un kekkai autour du Prince, et elle songea que c'était une bonne initiative. Ayant l'air d'une proie plus facile, un seul Oni l'attaqua, alors que les deux autres se concentraient sur Takeda-san.

Le monstre abattit son arme d'un grand coup puissant sur la jeune femme qui, suivant les enseignements de son maître, accompagna le geste et profita de la force de l'adversaire pour enfoncer son katana dans un défaut d'armure sous le bras du Oni, et atteindre directement les organes vitaux. Difficile de dire cœur, car en avaient-ils un, mais en tout cas, le démon flancha. Cependant, cela ne l'acheva pas, et le katana resta coincé dans la plaie. Avec une grimace, Fubuki roula au sol pour esquiver une autre attaque et trancha les tendons de l'Oni avec son Tento, avant de le plonger dans l’œil du monstre pour lui détruire le cerveau. Une fois ceci fait, elle récupéra son arme coincée dans le corps du monstre, la nettoya grossièrement pour que leur sang maudit ne ronge pas sa lame, puis se déplaça pour prendre à revers l'adversaire restant qui s'acharnait sur Takeda-san. Bien que le samouraï s'en sorte bien, elle préférait abréger, quitte à le froisser, pour éviter que d'autres démons, attirés par l'odeur, ne se joignent aux festivités.

Très rapidement donc, le combat s'acheva et ils prirent la tangente afin de fuir les lieux et de mettre le Prince à l'abri. Celui-ci semblait très faible, comme si le combat auquel il n'avait pas participé avait drainé son énergie. Heureusement à peine essoufflée, la jeune femme aida Tomo-san à déplacer le Prince, et très vite ils laissèrent derrière eux le bûcher et les cadavres des Onis.

Et pourtant, malgré la satisfaction qu'elle aurait dû ressentir, le malaise de Fubuki ne fit que reprendre, et une fois encore, ses mains ne s'éloignèrent guère de ses armes.


[hrp] Je n'avais pas trop d'idées, alors je peux éditer le poste si vous voulez plus de détails, et je laisse bien sûr Tomo-chan donner son point de vue...[/hrp]

" Si nous ne nous dépêchons pas... Le secteur sud ne sera pas aussi tranquille que l'on espèrerait. "

Et ainsi chacun réajusta ses armes, son casque, ou son arc, et en évitant soigneusement les fossés fumants creusés par les Yokai ils traversèrent l'avenue en ligne droite.

Le Takeda nettoya son Tetsubo du sang de l’animal qu’il avait précédemment tué, tout en regardant la nuée de démons qui ravageaient le sol sacré de Shiroi No Tsuki.

« Ils sont nombreux quand même… L’enfer doit les vomir par centaines. » Dit il en regardant distraitement ses compagnons.

Ils se relevèrent et marchèrent les uns derrière les autres, tout en prenant soin de camoufler au mieux ses pas. La tête du Samouraï, se tournait dans tout les sens, fouillant les moindres recoins, et à la recherche du moindre danger. Il essaya tant bien que mal de faire le vide dans sa tête, d’améliorer sa perception qu’il avait de son environnement. Mais certains cris récurrents d’enfants de femmes, lui fit tourner la tête à leurs recherches, mais sans résultats, comme si ces cris venaient directement de sa tête. Il se tapota les tempes, en fermant quelques temps les yeux, avant de reprendre sa route, en coupant la première avenue. La chaleur devenait difficilement supportable, à mesure de leurs traversées. Il tira sur le haut de son armure au niveau du cou, pour pourvoir mieux respirer.

Les murailles noircies par les fumées, étaient déjà visibles, d’où ils se tenaient. L’entrées des portes étaient indiqués par de grand drapeau qui flottés, ils se dirigèrent dans des rues parallèles à la muraille, tout en se serrant contre les murs. Et en jetant des regards vers les fenêtres et les portes ouvertes des maisons, à la recherche de personnes à secourir.

La porte tant désirée, ce trouvait encore à quelques rues, de l’endroit ou ils étaient.

Leur progression devenait de plus en plus lente. Alors que quelques instants auparavant ils se dépêchaient à vive allure, maintenant ils avaient tous une certaine hésitation à se jeter dans la gueule du loup. Le passage de la parade démoniaque était visible partout, sur le sol éventré, sur les murs des battisses noircies, et alors qu'enfin la grande porte se faisait voir, l'odeur de cendre et de chair remontait comme les vapeurs d'un volcan. Devant eux, ce qui avait été le passage Sud du secteur Est n'était plus que des décombres fumantes. De part et là, quelques monban-shû, gardien de porte, essayaient de se relever malgré leurs blessures parfois fatales. D'autres un peu plus en retrait derrière la muraille se battait encore avec des chiens démons ayant quitter leurs maitres pour assurer leur progression.

" Il nous faut passer maintenant. Les fumées vont attirer d'autres Onis et il faut "pré-scellé" la porte avant cela. L'Unité qui s'occupe de cela normalement n'arrivera pas avant bien plusieurs heure. Dépêchons-nous. "

Le petit groupe s'élança à découvert dans la grande avenue. Tandis que ses compagnons marchèrent directement pour passer au travers des décombres de la porte, la Miko ralenti quelques peu et aida des hommes à traverser également. De l'autre côté, Takeda et les autres s'occupaient des chiens démoniaques restants alors ayant fini de porter secours aux monban-shû, elle s'empressa de rejoindre le Prince qui s'était calé hors des combats plus ou moins à l'abri.

" Veuillez-nous excuser Yuuhei-sama, nous perdons un peu de temps mais il est nécessaire de ralentir la progression des Onis. "

Le Prince la toisa du regard, la regardant comme si elle aurait dit une grosse bêtise.

" Je ne vous ais pas reproché quoi que ce soit. Au lieu de parler continuez, mission ou pas, protéger le secteur Sud est aussi notre devoir. "

Tomo-chan opina du chef en silence. Les sort de barrière faisaient partie de sa spécialité. Elle se sentait capable de pouvoir en créer une qui tiendrait assez longtemps avant l'arrivée de l'escouade spéciale. Une barrière parfaite est celle qui ne laisse sortir en entrer personne, dans le cas des passages condamnées, le kekkai est si puissant que même une escouade entière ne peut passer. De plus, les passages condamnées sont tout aussi bien protégé que les murailles. On aurait pu se demander pourquoi alors les Portes n'avaient-elle pas été condamnées dès le début... en faite, très simplement, c'était les Portes des murailles extérieurs qui l'avaient été, celle intérieur avaient été laissée libre pour que les soldats et la population puisse toujours se déplacer ou migrer en cas d'attaque. Le mikado contre l'avis de tous avait décidé de laisser une chance de survie à chacun, comprenant que ce n'était pas le poids du sacrifice qui ferait pencher la balance dans cette guerre.

Ils en avaient fini de courir. Une fois la première troupe de chiens tués, ils s'étaient précipités vers la porte, de crainte qu'elle ne soit scellée avant qu'ils ne l'atteignent, mais la situation était bien pire. Il semblait que plus personne ne soit à même de le faire sur place, et la plupart des gardiens avaient été tués, et se faisaient dévorer par les chiens alors même qu'ils se précipitaient dans la bataille.

Le Prince s'était affaissé contre un mur, visiblement épuisé, mais toujours dans la ligne de mire des Onis, il fallait le décaler. Fubuki le vit parler brièvement avec Tomo-san, qui eut l'air contrit, quelques instants. Takeda semblait s'amuser comme un fou de son côté, massacrant à grands moulinets les Onis et les chiens qui menaçaient la porte.

La jeune guerrière, louvoyant entre les soldats et les monstres, s'approcha de la prêtresse et cria pour couvrir les sons de la guerre :

"Il faut amener le Prince plus loin à l'intérieur du Secteur. Mettez-le à l'abri, je vous couvre... Ensuite, il faudra sceller la porte. Vous pouvez le faire n'est-ce pas?"

La voyant hocher la tête, elle se plaça en protection devant les deux jeunes gens et ne put observer que du coin de l’œil leur progression vers l'intérieur. Pendant tout ce temps, elle n'avait cessé de trancher et de couper, de plonger sa lame dans les corps bouillants des Onis, et ses mains étaient poisseuses de sang et irritées, couvertes des petites coupures que peuvent donner les peaux rêches des monstres. Elle ne se rendait même pas compte qu'elle avait perdu son casque et qu'une coupure saignait le long de sa joue, jusqu'à ce qu'un Oni la blesse suffisamment à la main pour qu'elle lâche sa lame. Elle acheva d'un geste précis le monstre, se mettant en danger en utilisant sa petite lame de défense, puis sentit plus qu'elle ne vit Tomo-san revenir.

Elle ramassa sa lame, qui devenait difficilement utilisable, et remit ses armes au fourreau, ramassa un arc et un carquois presque plein sur un cadavre, puis un deuxième, et se plaça près de la jeune femme.

"Faites ce que vous avez à faire. Cela vous brise sûrement le cœur, mais certains devront être laissés à l'extérieur... Je vous couvre, mais si le danger devient trop grand, fuyez, vous êtes le garant de notre mission. Je ferai ce qu'il faut, mais si les Onis sont trop nombreux, prenez Takeda-san et le Prince avec vous et rejoignez le Mikado..." La voyant froncer les sourcils, elle ajouta: "Souvenez-vous ce que j'ai dit dans la cabane... Il ne s'agit pas uniquement de fierté, mais aussi d'espoir, ne l'oubliez surtout pas."

Tenant la corde de son bras blessé, elle commença à bander l'arc, abattant les ennemis qui se dirigeaient vers leur position exposée, toujours plus nombreux. Le stock de flèches ne durerait pas très longtemps, et la perte de sang due à la blessure de son bras faisait déjà danser des points noirs dans son champ de vision. Cependant, à ce moment précis, rien n'aurait pu l'empêcher de mener sa mission à bien, excepté peut-être la mort... Et encore, cela n'était pas sûr...

L'esprit vide, elle enchaînait les flèches sans prêter plus d'attention à la jeune prêtresse, ni à ce qui l'entourait... Elle l'avait dit, il ne restait que l'espoir, et celui de permettre à la porte de se fermer la faisait tenir debout...


[hrp] Pour celui ou celle qui poursuivra, vous avez aussi l'autorisation de faire faire des choses à Fubuki, du moment que vous ne me la tuez pas [/hrp]

[hrp] Je poste donc la suite de l'histoire en reprenant Takeda à mon compte. Si jamais Guilloux revient, on s'arrangera pour éditer. [/hrp]

Les Onis les submergeaient, leurs membres volant alors que les samouraïs les affrontaient courageusement, luttant avec leurs maigres forces humaines contre la déferlante démoniaque, qui les surpassait à la fois en puissance brute et en nombre. Mais là était son élément. Oubliée, au moins pour le moment, la quête qui l'avait conduit dans ce secteur, le combat avait ici quelque chose d'exaltant, de désespéré, qui conduisait Takeda à trancher et couper avec encore plus d'enthousiasme. C'est à peine s'il s'apercevait de ceux qui combattaient à ses côtés, ou même des Onis qui parvenaient à percer sa défense sans faille et à survivre à son bras, qui paraissait enragé. Il ne s'aperçut pas non plus que le flot se tarissait peu à peu, laissant des temps de repos plus longs aux soldats, alors même qu'ils cherchaient désespérément à reprendre leur souffle. Il ne s'aperçut pas que la porte avait été scellée par la jeune prêtresse. Et il ne s'aperçut pas qu'il avait été dangereusement éloigné du groupe, manquant faillir à cette mission de la plus haute importance. Il avait bien signifié qu'il était prêt à se sacrifier pour cette mission, mais se sacrifier et l'abandonner n'aurait pas dû advenir.

Lorsque la fièvre de la bataille retomba, Takeda se rendit enfin compte de ce qui était arrivé, et il comprit que le moyen le plus efficace de retrouver le Prince et les deux jeunes femmes était de se rendre directement à la prochaine porte qu'ils devraient emprunter pour rejoindre le centre de la Cité. Regardant rapidement autour de lui pour se repérer, il nettoya consciencieusement son arme avant de se diriger d'un pas sûr vers la destination qu'il s'était fixée. Le flux des Onis s'était ralenti, mais il n'en baissa pas pour autant sa garde, restant à l'affût du moindre monstre. Il parcourut donc une rue, lorsqu'un hurlement d'agonie lui fit tourner la tête. Un samouraï ne meurt pas en hurlant, se dit-il. Il devait donc s'agir d'autre chose. Il se dirigea alors vers la source du bruit, tous les sens en alerte.

**

Alors que Takeda était emporté par la fièvre du combat, Ishii Fubuki regardait le Prince se remettre difficilement debout après la fermeture de la porte par le kekkai de Tomo-san. Elle devait admettre que cela avait été particulièrement bien fait, et qu'elle n'aurait de toute faon pas pu tenir encore bien longtemps, bien que sa mission, et l'honneur de sa famille, soient en jeu. Elle devait malgré tout admettre, si elle était totalement honnête avec elle-même, qu'il ne s'agissait plus uniquement d'honneur et de dépit. Elle en était venue à respecter cette mission, malgré les dangers qu'elle représentait, et surtout à apprécier ces compagnons. Tomo-san était pleine de compassion, Takeda-san plein de fougue, de force et de courage, et le Prince, d'humilité, comprenant que sa situation était difficile à vivre et acceptant l'humiliation d'être porté et protégé par d'autres, alors même qu'il se retrouvait impuissant et obligé de se mettre à l'abri.

Contemplant une dernière fois ses blessures déjà guéries, elle nettoya et rangea ses armes, avant de prendre la tête de leur petite équipée. Takeda parti (elle espérait qu'il reviendrait malgré tout), elle se devait de protéger les membres survivants du groupe. Les épaules nouées par la responsabilité qui pesait sur elle, Fubuki reprit le chemin de la prochaine porte, celle qui les mènerait encore un peu plus avant vers la fin de leur mission.

[Désolée pour le retard j'ai eu quelques issues à régler. De plus mon premier essai de bien 30 lignes s'est effacé avant d'être posté... ça m'a un peu déprimé ^^']

Le secteur sud était un secteur à lui seul un petit village portuaire, avec principalement des échoppes vendant du poisson ou du matériel maritime. Grâce à son fleuve parcourant toute sa largeur et le séparant en trois bloc, il était normalement facile de traverser ce secteur, cependant dès le début de la guerre, tous les petits bateaux avaient été retiré hors de l'eau, ainsi pour atteindre le Mikado il fallait d'abord traverser un pont, un bloc entier, avant de traverser le second pont qui menait tout droit vers le palais. La petite équipe se mit en route, d'abord Fubuki avec une grande logique, avait pris le commandement des opérations, suivi de Tomo-chan qui marchait au plus près du Prince pour le soutenir au cas où.
Une ambiance assez sinistre planait dans l'air. La zone devait normalement être encore habitée, mais pas un seul bruit ne s'élevait dans cette partie de la forteresse. Étrangement, aucun habitant se faisait voir.

" Il n'y a personne dans le secteur Sud... ils ont peut être fui dès que les Onis sont entré. "

Le prince hocha de la tête en observant autour de lui. Ils avançaient à petit pas, traversant le premier pont, et longeant ensuite la rambarde menant au fleuve. A vrai dire couper par la portion de ville était plus rapide, cependant ils seraient plus à découvert, aussi avaient-ils pensé sage d'emprunter le détour. Cependant, ce détour plus prudent n'enlevait pas le mauvais pressentiment de Tomo, au contraire. Plus ils s'approchaient du pont et plus elle avait juste envie de rebrousser chemin. Des sueurs froides lui descendaient le long de la nuque, comme pour lui dire que la mission ne serait... pas si facile que cela.

--

Pas à pas, Takeda atteignit le point où il pensait à peu près que le hurlement venait. Il ne lui fut pas difficile de constater sans pour autant voir quelqu'un, qu'il avait vu juste. De large tâche de sang au sol indiquait que très certainement, une personne ou deux venaient de quitter ce monde. Le sang continuait en fine goutte et parfois gros aplat en direction de la muraille intérieur que l'on pouvait voir au loin dès que l'on se trouvait dans le centre-ville. Prudemment, le samouraï avança, longeant les murs, inspectant les allées, en suivant les perles écarlates au sol. Il fut visiblement plus rapide que son opposant, car après quelques brèves minutes, il parvint à rattraper la créature : c'était un Oni bleu, de la taille de deux bons étages, les épaules larges, le dos visible et noueux. Sur son épaule, il transportait les corps inanimés de deux hommes, de toute évidence des villageois au vu de leurs habits déchirés. Le démon dans sa main gauche portait une longue hachette à la lame légèrement émoussée. Celle-ci était encore humide du sang frais de ses victimes. Pour le moment il n'avait pas encore repérer le guerrier qui le suivait pourtant de très près, il semblait absorber par quelque chose, une tâche bien précise... cela était plutôt à l'avantage de Takeda-dono, pourtant celui-ci n'osait pas encore attaquer.

Un ennemi si imposant, l'attaquer seul était suicidaire.



( je finis demain le poste... je le poste quand même pour pas que mon navigateur l'efface une nouvelle fois ;_; )