La muraille no Yojin (complet...)

Kisa fut surprise de constater qu’Ashitaka venait de l’apprendre. Elle sourit, il était vrai que les hommes n’avaient pas cette “faculté” que possédaient les femmes.

- Je le savais déjà, dit-elle.

Elle sentit plus qu’elle ne vit qu’Ashitaka était surpris, aussi continuât-elle.

- Je l’ai sus dès que j’ai posé les yeux sur elle, c’est…. Disons, une intuition féminine. J’ai pensé qu’elle ne voulait pas que ça se sache, aussi n’ai-je rien dit, mais j’aurais cru que vous vous en seriez douter à force de rester avec elle. (Kisa marqua un léger temps de silence). Il se fait tard…tôt… enfin, tu me comprends.

Kisa se leva et déposa un léger baiser sur la joue d'Ashitaka avant de s'enfoncer dans les ombres en direction de sa chambre

Ashitaka se leva lentement, puis se figea. Il entendait un chant, un chant qu'il connaissait par coeur. Et une seule personne le connaissait également, et il ne le chantai jamais sans raison.

Le guerrier s'approcha du petit jardin et vit ce à quoi il s'attendait. Kilsen était assis en tailleur au centre d'un lac, sur une pierre plate, et chantonnai d'une voix grave et triste. Le vent se leva, une simple brise, mais Ashitaka en eut des frissons, le contact de la brise lui rappela une manie de sa soeur, de lui carresser la joue. La brise forma un tourbillon devant Kilsen, emportant peu à peu l'eau, jusqu'à former une colonne aqueuse.

La voix du sohei devint un peu plus aigue, comme une tristesse sans fin. La colonne prit alors la forme d'une jeune femme, un peu plus agée qu'Ashi et lui, mais ressemblant énormément au guerrier.

Kilsen, tu te fais du mal..., murmura Ashitaka.

Kilsen ne se retourna même pas. La jeune femme se pencha sur lui et l'embrassa tendrement sur la bouche, avant de lui murmurer quelque chose à l'oreille. Elle se tourna ensuite vers Ashi et s'approcha. Elle lui caressa la joue, le guerrier sentant le contact de la peau de sa soeur au lieu de l'eau à laquelle il s'attendait.

Tu as grandi, Ashi-chan..., dit l'esprit d'une voix cristalline.

Toi aussi, grande soeur..., répondit Ashi d'une voix émue. Toi aussi...

C'est normal, la vie et la mort sont les deux faces d'une même pièce... J'ai grandi de mon vivant, pourquoi pas lors de ma mort... Veille sur lui, s'il te plait... Puis, en se rapprochant du visage de son frère: Et sur elle aussi, car elle risque de prendre autant de place dans ton coeur que lui... Adieu, pour l'instant...

Adieu... Et merci de nous avoir pardonné... De ne pas avoir pu te sauver...

Kilsen se releva et murmura:

Adieu et merci pour tes conseils... Nous nous reverrons peut-être, si c'est bien là-bas que nous devons aller...

Ashi n'eut pas le temps de répondre. L'esprit de sa soeur s'envola et kilsen s'éffondra au sol, la tête à moitié sous l'eau.

Ashitaka se précipita pour secourir son frère, il le tira du bassin et le posa sur le sol, il écouta son pouls et en approchant son oreille de sa bouche, il entendu respirer :
"Le jour ou t'arrêtera de me faire des frayeurs, je serais sans doute mort...imbécile de Kilsen va !"

Il pensait à ce qu'il venait de voir, il avait parlé sa soeur morte depuis longtemps…
Il prit Kilsen sur son dos et le remmena dans sa chambre pour le faire dormir, l'ayant couché, il s'essaya sur une chaise et veilla sur lui jusqu'au lendemain...

Oshita arriva dans la chambre où Ashitaka veillait Kilsen. Elle les regarda un court instant, puis prit la parole:
"Il est plus que temps de partir, tous les deux. Le maître des lieux pense que nous nuisons à sa réputation. Recueillir ce que d'autres considéreraient comme des Ronins était déjà compromettant pour lui."

Gênée d'avoir tant parlé à une personne qui ne souhaitait probablement plus l'écouter, elle tourna les talons et retourna dans la cuisine, où une femme replète tentait de faire rentrer de quoi nourrir un régiment dans un petit sac pratique à transporter pour des gens voulant faire vite et silencieusement. Oshita rit de tout son coeur avant d'entendre des pas derrière elle. Elle se retourna, son sourire déjà disparu, pour rend=contrer les yeux rieurs de Kisa.
"Bonjour. Comment allez-vous? Je suis désolée que nous devions partir si vite, mais les circonstances actuelles font que...
- Ne vous inquiétez donc pas tant, notre acceuil fut des meilleurs, malgré ces mêmes ciconstances."

Les deux jeunes femmes se regardèrent. Aucune ne savait comment aborder les sujets dont il aurait tant fallu parler pour la suite du voyage.

Nous allons à la capitale..., fit Kilsen dans leur dos, escorté d'Ashitaka.

Il était pâle, mais semblait tenir sur ses jambes. le guerrier derrière lui semblait près à bondir en cas de problèmes, mais aucun ne survint.

Il nous faut des informations et notre daimyo doit les avoir... Nous restons des Shireikan, même si vous avez tendance à l'oublier, ce qui n'est pas plus mal. De plus, il y a un tournoi, et le vainqueur peut demander ce qu'il veut. L'un de nous DEVRA le gagner, pour pouvoir passer de l'autre côté de la muraille. Des questions?

Est-ce que...?, commença Oshita.

Bien, donc nous partons tout de suite, la coupa Ashitaka, avec un sourire dans la voix. C'est bien toi qui a dit qu'on devait se dépêcher, non?

Kisa allait ouvrir la bouche lorsque Kilsen et Ashitaka arrivèrent puis se ravisa. Elle écouta ce que Kilsen disait avec une légère appréhension dont elle ne laissa rien paraître.

- J'ignore qui de nous participera, il serait peut-être bien que chacun de nous participe, nous augmenterions nos chances, bien que dans leur machisme, je doute qu'ils laisse des femmes participer (elle eu un regard entendu pour Oshita), mais nous pourrions toujours tenter de passer inaperçues.

Kisa avait un air légèrement dubitatif lorsqu'ils se mirent en route. Ce n'était pas tant de devoir passer pour un homme, cela ne la gênait pas, mais entrer dans cette ville ne présageait rien de bon pour elle, car si elle était reconnue.... Enfin, elle savait qu'elle aurait dû, de toute manière, un jour retourner dans cette fichue capitale de malheur.
La jeune femme fit une petite grimace en touchant sa plaie, elle n'avait pas encore cicatrisé et continuait à lui faire mal bien que sa magie atténue la douleur.

Contre toute attente, Ashitaka commença le voyage en prenant Kilsen sur son dos. Celui ne broncha pas et s'endormit au bout de quelques secondes. Ils parlèrent doucement pendant tout le trajet et s'arrétèrent pour la nuit. Kilsen dormait toujours, mais une fois le diner expédié, il se leva, s'étira et leur dit en souriant:

Tout le monde au lit, ce soir, c'est moi qui monte la garde avec Ashi-chan...

Avant toute protestation, il sortit ses armes et regarda chacun dans les yeux, puis dit d'une voix douce, de grand frère:

Au lit...

Tous s'éxécutèrent, puis le guerrier et le sohei s'éloignèrent un peu, silencieux comme des ombres. Ashitaka sortit son arme et ils se mirent en garde, l'un en face de l'autre. Un sourire étira leurs lèvres et ils se mirent à danser au rythme des lames, leurs gestes reflétant la mort qu'ils avaient si souvent cotoyée.

Ils devinrent la nuit, oubliant tout, le guerrier sa malediction, le sohei sa tristesse sans fin. La lune était à son zenith et ils continuèrent ainsi pendant quatre heures, retrouvant en une nuit les forces qu'ils avaient perdues pour diverses raisons ces derniers jours.

[hrp]Dsl, je parle beaucoup d'eux, mais je n'avait pas d'inspi, et les deux qui se pointe au tournoi à moitié mort... Voilà, bonne chance pour la suite ^^ (j'éttoferai peut-être un peu, si personne ne réponds après...)[/hrp]

Les deux compères se battaient maintenant, depuis près de 5h, leurs muscles étaient bandés, leurs gestes précis et vifs comme l'éclair...
Ashitaka s'arrêta quelques secondes pour prendre son souffle et en profita pour se désaltérer, il en mit un peu sur sa tête et l'envoya à Kilsen...

-"Tien, bois cela te feras du bien !"... il vit Oshita près du feu, entrain de monter la garde, et reprit l'exercice avec son frère...

-"Allez encore une heure et je vais me reposer, de toute façon, tu n'a pas besoin de participer au tournoi puisque je vais le gagner !" reprit Ashitaka en rigolant...

Mais il savait très bien que le plus fort des deux, c'était son frère, surtout de puis la mort de la soeur du guerrier... ou il passa le plus clair de son temps à s'entraîner au combat aux armes et à main nue, mais aussi à méditer près du temple de leur village.


[hrp]Désolé pour le retard, et aussi pour la longueur et la qualité de ce post...[hrp]

Le soleil levant sortit Oshita de ses reflexions. Les deux frères ne s'entraînaient plus. Ils étaient partis se reposer... La samouraï se leva, s'enfonçant dans la forêt pour chercher à manger. Elle revint avec des champignons comestible et un lapin qu'elle avait déjà vidé. Pendant qu'il cuisait, elle réveilla Kisa, puis les garçons, de loin...
" Hyuuuuu!! Les garçons, on mange!! J'aurais dû finir poissonnière avec cette voix..."

Oshita n'était pas dans son assiette ce matin, et Kisa s'en rendit compte. Mais elle n'y pouvait rien sans savoir de quoi il retournait, donc... Pendant la marche, Oshita prit la parole:
"Je présume que vous allez tous les deux participer les garçons...? Kisa, que vastu faire pendant ce temps-là? De mon côté, je vais faire ce que je peux pour me renseigner... Et revoir mon père, aller aux nouvelles du monde, quoi... On dirait une liste de course..."

Et je vais rendre visite à Enishi, ça fait si longtemps, je manque d'entraînement, ça ne me fera pas de mal...

Kisa resta les yeux dans le vague un instant avant de se tourner vers Oshita.

- Je pense que je ne participerais pas au tournois, surtout si ses homnes ici présents son si sûrs de gagner... ça serait bête qu'ils se fassent battre par une femme, dit-elle en faisant un petit clin d'oeil à Oshita avant de poursuivre. Non, en réalité, je ne suis pas sûre que ma blessure soit assez guérie pour combattre et de toute manière, je serais aussi plus utile dans les gradins à vous encourager.... Il y a toujours des informations à glaner, les gens se lâchent dans ces moments...

Les quatre voyageurs arrivèrent le soir tombé à la capitale, après avoir un peu préssé le train puisqu'ils le pouvaient. Après un rapide conciliabule, ils décidèrent de rester dormir hors de la ville pour cette nuit et y entrer dasn la matinée du lendemain, ils pourraient ainsi faire une grasse matinée (enfin, sauf pour celui qui ne serait pas de garde...) et ainsi arriver au tournois avec toutes leurs forces. De toute manière, les portes de la ville fermaient le soir et ils n'étaient pas sûrs d'arriver à temps pour entrer avant la fermeture.

[hrp]Je sais que c'est pas bien, mais bon, vu le temps qu'il y a eu entre les deux, je veux pas éditer le précédents...[/hrp]

Kilsen et Ashitaka étaient couverts de sueur et s'étaient adossés à un arbre, halettants et couverts d'hématomes. Ashi commença à évoquer le tournoi:

D'après toi, ça va faire comme les autres années? Y'auras un tournoi de combattants et un de... magiciens bas de gamme dans ton genre, finit-il en souriant.

Kilsen lui envoya une bourrade dans les côtes et sourit à son tour.

Chais pas, mais j'espère, parce que sinon, on a gagné d'avance, non? A moins qu'ils aient décidé de faire une pré selection, parce que l'année dernière, on est rentré pour le diner, mine de rien... Peut-être que ce sera interessant?

Rêve pas, y'aura que des faibles... Sinon, plus sérieusement... On doit vraiment se séparer, parce que, de un, on attire trop l'attention, et de deux, les filles doivent récolter des informations. Kudo-sama risque déjà denous faire la tête, parce qu'on est partis sans rien dire...

On verra, de toute façon... ça commence à sentir bon, on devrait aller voir, elles seraient capable d'attirer les ours....

Ils se levèrent en rigolant et partirent vers le campement où se trouvaient les deux jeunes femees et leur repas.

De leur côté, Kisa et Oshita avaient préparé des oeufs et des lapins, fourrés de champignons " Comestibles quand même..." et de diverses herbes aromatiques. L'évocation de leur arrivée en ville, de façon séparée, comme le proposait Ashitaka, semblait en effet une meilleure solution.

"C'est vrai que pour une simple question de discrétion, et d'association... Et nos buts, foncièrement, ne sont pas les mêmes. Nous nous occuperons de nous renseigner sur la poursuite de cette expédition, pendant que vous vous occuperez de gagner ce tournoi, et sans difficulté, j'entends. J'ai quelques affaires à discuter avec mon père, ainsi, pour chacun d'entre nous j'imagine, que des affaires personnelles. Arrêtez de vous bâfrer comme ça vous n'allez pas réussir à dormir !! Et on va manger quoi demain matin avant de rentrer en ville? Vous avez l'intention d'avoir l'air de miséreux? Bande de sales gosses..."

Sur ces mots, les deux filles sourirent, et firent signe aux garçons d'aller dormir. Elles s'occuperaient de la garde. Dans un hochement de tête, la jeune samouraï signala qu'elle patrouillerait un peu plus avant dans la forêt. Elle ne s'était pas entraînée depuis longtemps, et Enishi n'accepterait sûrement pas un spectacle médiocre... Dans un endroit tranquille, elle dégaina son sabre droit, et, silencieusement, décomposa ses mouvements dans une danse lente. D'abord un coup bas, puis déplacement du point d'appui, remonter la lame, tourner sur le point d'appui, un pointé. Toutes ces déclinaisons... Et surtout, cette posture, ce coup, qu'elle n'avait plus tenté depuis des années... D'un coup brusque, la lame se figea dans l'air, sans être tenue par quoi que ce fut. Fléchissant les jambes, Oshita décrivit un cercle au-dessus du sabre immobile, s'appuya légèrement sur la pointe de celui-ci, raterrit et, tendant sa main vers l'arrière, récupéra l'arme qui s'était retournée, frappant ensuite d'un coup meurtrier une éventuelle gorge qui eut pu se trouver là. Bien que parfaitement exécuté, le mouvement ne satisfaisait pas la jeune fille. Il m'aurait reniée depuis longtemps avec un niveau aussi médiocre... De déception, elle continua sa ronde, avant de retourner auprès du feu et de ce groupe hétéroclite qu'ils formaient tous quatre.
Le lendemain matin, les jeunes filles réchauffèrent le peu de restes des lapins qu'elles avaient sauvé de la gloutonnerie des deux guerriers. Après avoir camouflé leur campement et s'être donné l'accolade, les deux groupuscules se séparèrent pour rentrer dans la capitale. La porte à laquelle elles se présentèrent donnait quelque peu le vertige. Elle était immense, décorée de mille splendeurs, pour le ravissement des yeux et l'impression de grandeur qu'elle délivrait. S'avançant, elles s'accordèrent sur un lieu de rendez-vous en fin de journée, où elles pourraient discuter de leurs trouvailles. Rendez-vous fut donc donné dans une auberge respectable, celle du Dieu-Chien, " l'antre de l'Inugami ". Oshita se dirigea d'abord vers la demeure de sa famille, dans le quartier noble. A l'entrée, à cause de sa mine assez peu présentable, elle manqua se faire refouler. Son père, rentrant d'une quelconque affaire, la reconnut, et fit exécuter le garde sur-le-champ. Il pénetra alors dans la demeure, suivi de son "fils". Ils s'installèrent dans le jardin, à l'ombre de cerisiers, sur des coussins de soie.

"Père, quel honneur est-ce pour moi de vous revoir enfin, après tant de temps d'absence...
- De ton absence, Fils.
- Oui bien sûr, pardonnez-moi, Père.
- Quelles affaires t'amènent dans la capitale? Tu sais bien que je suis en pleine négociation pour ma succession... Quoique ta présence puisse être une aubaine. Mais je te connais, tu ne serais pas venu de toi-même sans une idée derrière la tête.
- Vous me prêtez de bien noirs desseins mon Père. Je ne suis venu que pour consulter notre bibliothèque, qui passe pour être la plus fournie du Royaume. J'entends y apprendre de quoi aider mes compagnons de voyage, qui cherchent à traverser la capitale...
- Pour se rendre de l'Autre Côté? Et bien... Vous ne vous sous-estimez pas à ce que je vois... Mais comptent-ils seulement sur toi pour la bataille? Tu ne t'y est jamais interessé. Tu es un être inutile Fils, j'ai honte de t'avoir mis au monde.
- Je le sais bien, Père. Mais ils n'ont pas besoin de moi pour combattre, ils se suffisent à eux-même... Mais rien ne peut convaincre mieux que le fait de voir de ses propres yeux. Ils espèrent participer au tournoi, l'un chez les guerriers, l'autre chez les Sohei.
- Voir les tournois ne m'intéresse pas s'il n'y a quelque enjeu à la clef... De plus, je ne comprends pas pourquoi tu n'y participes pas, je ne t'ai jamais vu pratiquer ce que Maître Tatsuô t'a appris...
- Le Maître n'aimait pas les tournois...
- Il était pourtant jeune, mais il ne profitait pas vraiment de la vie que je lui offrait !
- Quel serait votre "enjeu", Père , pour que ce tournoi ait quelque interêt à vos yeux?
- S'ils gagnent, je vous laisse tous partir, et tu deviens mon héritier, sans avoir de comptes à me rendre avant ma mort, incluant que tu peux te servir de toute la propriété, de mes contacts, et d'une partie de mon capital en toute liberté. S'ils perdent... tu resteras à jamais ici, tu deviendras mon digne fils, et surtout, tu subiras le châtiment nécessaire pour que tu rentres dans les rangs, ainsi que tu ne l'a jamais fait. Tu ne vivras que pour moi, et par moi, sans liberté, sans droit d'expression. Tu ne seras à jamais qu'une extension de moi.
- Si tel est votre prix, Père. Puisque désormais mon destin n'est plus entre mes mains, je vous prierais de bien vouloir m'excuser, je dois aller à la bibliothèque."

D'un salut de la tête, la jeune fille, mortifiée par le sacrifice mais n'en laissant rien paraître, se dirigeait vers la bibliothèque lorsqu'elle fut interrompue par une dernière phrase de son père.
"S'ils échouent, je ferais également détruire le tombeau de ton Maître... Un être tel que lui ne méritait pas tant d'honneurs."

Cela faisait maintenant presque une demi-heure qu'elle n'avait pas changé de page. Si elle ne s'était pas contrôlé, elle l'aurait tué... Se reprenant, elle feuilleta le livre, dans l'espoir de trouver quelque chose. Ou plutôt, attendant que ce "livre" lui apporte la réponse. Il était la clef pour appeler un vieil informateur qui saurait sûrement de quoi ils auraient besoin. Bien que s'y étant attendue, elle sursauta en entendant la voix aigrelette du vieil homme à l'allure de manant.

" Oncle Mataemon, je crois que je ne comprendrais jamais pourquoi vous jouez à l'informateur miséreux alors que vous êtes un espion et un assassin hors pair...
- Parce que lorsqu'on n'est qu'un bâtard, ma chère Shi-chan, on fait ce que l'on peut pour être utile, et la mission dans laquelle j'étais lancé avant de recevoir le signal attendait de moi ce déguisement...
- Pardonnez-moi de vous avoir dérangé en pleine mission !
- Shi-chan, dis-moi de quoi il retourne pour que tu fasses appel à moi et non à un des autres informateurs de ton père.
- La discrétion, et elle seule pouvait pousser un être à recquérir votre aide. En plus du respect que je vous porte malgré votre statut. La situation est délicate. Il s'agit d'une malédiction. Quelque chose d'assez... encombrant pour la personne atteinte.
- Si tu n'as pas plus de précisions, je ne peux rien faire pour toi... Enfin, je vais voir, reviens demain avec des détails. Il n'y a plus que ça qui fasse bouger mes vieux os, des détails !
- Merci Mataemon-sama."

Dans un sourire, elle quitta la bibliothèque. Son père n'avait jamais trouvé le signal. Il n'avait jamais sû comment le vieil assassin et la jeune samourai-ko communiquaient, lorsqu'elle était enfant. Elle n'avait plus qu'une chose à faire. Elle partit chercher son sabre de parade, avec lequel elle était sensée combattre, et partit vers sa chambre. Là, elle poussa une estampe représentant sa mère, qui ouvrit un pan de mur, passage qu'elle emprunta pour aboutir dans un jardin d'eau. Dans un petit enclos, une rivière entourait un tombeau en marbre filé d'or. Les fleurs alentour étaient toutes ses préférées, toutes les préférées d'Enishi, également. Il n'avait jamais aimé les hommages, aussi tout ce qu'elle lui apportait à chaque visite était une démonstration de ses enseignements, ce qu'elle en avait retenu, ce qu'elle avait modifié pour les adapter à sa taille plus fine, à ses membres plus faibles. Plus que jamais, elle visualisa l'être qui l'avait formée, en tant que guerrière, en tant que femme... Et sans trêve, jusqu'à ce qu'elle s'écroule de fatigue, elle le combattit. Lorsqu'elle fut forcée de rengainer sa lame, incapable de continuer plus avant, elle vit son sourire, sa main tendue pour l'aider à se relever après sa énième défaite, et elle entendit sa voix lui dire:
"Tu ne devrais pas t'entraîner tant Oshi-kun. Après tout, tu es né pour la politique, pas pour être soldat au front de batailles sanglantes. Ne dénaturons pas un être en lui faisant ressentir des sentiments pour lesquels il n'est pas fait."

Alors, se relevant, la jeune fille vit qu'il devait être l'heure de rejoindre Kisa à l'auberge. Dans un dernier salut, elle s'avança vers le tombeau, et effleura du bout des doigts le poème qu'elle y avait fait poser.

Le vent ne fait plus bruire aucune feuille
Le chant maladif des oiseaux n'enchante plus aucune oreille
Le coq tente en vain de réveiller ses poules au sommeil lourd
Paysage désolé de mort et de destruction

Partout où je passe, ces mêmes décors
Immobile, attendant dans un triste dessein
Je vis les arbres se flétrir et les oiseaux tomber de leur nid
Je vis le coq se faire dévorer par un renard famélique

Je ne sais pourtant que regretter ici
La brume enferme et libère mon esprit.
Non que j'aime ces lugubres atmosphères
Mais elles me cherchent, m'enfèrment dans leur repère

Plus j'avance, moins le vent cingle mon visage
J'aperçois un arbre en fleur
Je crois...que je pleure
Ce champ de cerisiers est la pire des armes

Cette paix est le meilleur des remèdes.
Simplicité de la nature offerte aux hommes
Ultime panacée de leurs souffrances
Plus douloureux qu'un coup de poignard en plein coeur.

S'éloignant, elle partit pour cette auberge, où elle vit la jeune fille attablée, l'attendant sûrement. Elle s'assit à sa table, commanda une boisson, et attendit pour commencer son compte-rendu de la journée...

(hrp : joli post ^^ et très très jouli poème ^^)

Kisa vit Oshita entrer dans l'auberge, mentalement, elle refit le parcours qu'elle avait fait depuis qu'elle l'avait quittée.

(Flash-back)
Kisa ressentit une vague d’appréhension en voyant Oshita partir. Elle jura contre elle-même et s’avança d’un air renfrogné dans les rues, elle ne pouvait se laisser aller à la peur, pas maintenant, pas après tous ce temps.
En érant dans les rues, elle finit par trouver ce qu’elle cherchait : une taverne pas trop mal lotie, mais qui restait humble. Elle entra dedans et s’assit près d’un vieil homme à l’œil hagard et légèrement lubrique. Réfrénant un frisson de dégoût, elle engagea la conversation avec lui.

- Alors mon bon monsieur, votre choppe me paraît bien vide, me permettrez-vous de vous en offrir une autre ?

L’homme la regarda un instant, ses yeux s’arrêtant au niveau de sa poitrine puis il opina frénétiquement de la tête. Kisa commanda deux verres de saké, elle voulait en finir vite et ne connaissait rien de mieux que l’alcool fort pour cela. Lorsque l’homme eut son verre devant lui, il se jeta dessus et elle en commanda un autre, suivit d’un pichet du liquide transparent. Elle finit son verre et s’en servit un autre tout en bénissant les dieux de lui avoir donner une forte résistance à l’alcool.

- Savez-vous comment se porte le pays ?
- Mal, si vous voulez qu’j’vous disions, mamzelle. Avec ces fichus démons qui vous collent aux train dès qu’vous sortez de cette ville. Ma grand-mère pourrait nous protéger d’ces fils de pu*in mal lunée bien mieux qu’c’te fichu muraille.
- Oh ? Pourquoi ? N’est-elle pas censé être imprenable ?
- C’est c’qu’on veux nous faire croire, mais moi j’l’ai vu, c’te muraille, j’y ai combattu ses en***eur de porcs, moi, et elle vaut pas un sous, elle est trouée d’partout, on passe de l’autre côté comme d’l’eau passe dans eune passoire, à moins d’arriver d’l’autre côté vivant…

L’homme, tout en parlant, n’arrêtait pas de finir ses verres de saké et de s’en reprendre d’autre tout en louchant sur le décolleté avenant de Kisa. Cette dernière avait fait exprès de le mettre bien en vue de l’homme tout en sirotant son verre. Elle avait appris presque tout ce qu’elle voulait, il ne restait plus qu’une chose.

- Dites, connaîtriez-vous un vendeur d’artéfact, ici ?
- Bien sûre que j’connais ça, il est a deux rues d’ici, mamzelle, tiens, vous savez que vous avez deux tête ?

Visiblement, il commençait à perdre toute trace de lucidité. Kisa décida d’en finir et insista.

- Et vers où est-il, ce vendeur.
- Hein ? Quoi ? Ah oui ! C’te vendeur, vous prenez au nord, et vous tournez dans deux rue, ‘pouvez pas l’rater !

Les yeux de l’homme roulèrent dans leurs orbites puis sa tête tomba dans son verre. Kisa se leva en silence paya et sortit, ne sentant nullement l'alcool qui coulait dans ses veines. Elle trouvait cet homme comique avec son accent, bien que sa manière de loucher aux mauvais endroits eût tendance à l’énerver. Enfin, s’il fallait qu’elle s’en prenne à quelqu’un, c’était bien à elle, il faut dire qu’elle l’avait un peu cherché…
Kisa suivit le chemin que l’homme lui avait montrer en entra dans la rue, effectivement, on ne pouvait pas rater l’échoppe avec toutes ses peau, ses pattes de lapin, de corbeau, ses ailes de chauves-souris. La jeune shugenja poussa un soupir à fendre l’âme, avec tout ceci, certains s’étonnaient encore que les shugenjas bénéficient d’une telle réputation dans les bas quartiers…
Elle entra dans le magasin, là, un homme vint l’accueillir, il plissa les yeux en la voyant puis mis sa main devant sa bouche.

- Kisa-san ! Jamais je n’aurais cru vous voir encore en vie… Enfin, je veux dire, jamais je n’aurais cru vous voir venir ici…

Après le premier moment de surprise passé, l’homme avait pris un ton mielleux. Kisa le regarda avec dédain.

- Garde tes manières pour d’autres, je sais que c’est toi qui m’a vendue à eux lorsque j’étais petite ! (L’homme sembla se rétracter sur lui-même.) À présent, donne-moi ce que j’avais laissé ici la dernière fois que je suis venu… j’ose espérer que tu ne l’a pas vendu…
- Non, non, Kisa-san, jamais je ne l’aurais vendu, attendez-moi, je vais le chercher.

L’homme sortit précipitamment de la pièce puis revint quelques instants plus tard avec un écrin en main. Il le tendit à Kisa et elle s’en saisit et le rangea dans sa bourse.

- Bien, oubli que tu m’as vu, si jamais quelqu’un cherchait à m’avoir, je saurais qui aller voir….

Kisa sortit du magasin, un instant, elle fut prise d’un frisson, elle s’était sentie observée, mais en regardant autour d’elle, elle ne vit rien. En regardant la position du soleil, elle se dit que l’heure était venue d’aller à son point de rendez-vous avec Oshita.

(flash-back : end XD)


Kisa regarda Oshita s’asseoir à côté d’elle. Elle lui fit un rapide résumé de ce qu’avait dit l’homme de la taverne. Elle sortit l’écrin de sa bourse et l’ouvrit, montrant son contenu. C’était quatre colliers différents.

- Ce son des artéfacts, ils nous permettront,une fois la muraille passée, de ne pas se faire repérer par les recherches magiques, expliqua-t-elle à Oshita. Nous en avons un chacun.

Kisa en pris un, le sien représentait une tête de loup hurlant à la pleine lune. Elle se le mit autour du cou et tendit l’écrin à Oshita.

L'état du pays décrit par ce vieillard n'était pas idyllique. D'un signe de tête, elle salua la prévoyance de sa jeune amie. La voyant choisir son médaillon et tendre l'écrin, Oshita se souvint de toutes ces femmes qu'elle avait vue, se parer pour leur mariage ou les soirées mondaines inter-claniques. Souriant en coin, elle prit le pendentif représentant un serpent dans un noeud, il lui ressemblait bient finalement... Elle vit ensuite que c'était à elle de parler.

"En fait, tout ce que j'ai pu apprendre de cette journée, c'est que si ces imbéciles perdent, ce que je ne crois ni ne souhaite, je serais contrainte à une vie d'esclave. A part ça, si jamais ils gagnent, nous aurons accès à un certain crédit, à des espions et d'autres avantages dus à la noblesse. A ces mots, elle sourit amèrement. Et je ne peux rien obtenir, comme renseignements j'entends, sans des précisions sur cette malédiction. La méthode de contamination, les symptômes, l'aspect... Mataemon n'est pas un dieu, il ne peut pas deviner un remède à un mal qu'il ignore..."

Dès que la jeune fille eut prononcé le nom de Mataemon, les samouraïs assis à la table jouxtant la leur prirent la parole:
"Bonsoir Mademoiselle, Monsieur. J'ai cru vous entendre prononcer le nom de Matae...
- Monsieur. La voix d'Oshita était on n epeut plus froide, et aurait pu constituer à elle seule une raison valable pour un défi. Vous ne connaissez pas le principe basique que tout parent digne de ce nom apprend à son enfant de la Palissade Octuple? Ce principe qui veut que l'on ne viole pas l'intimité de son voisin, surtout quand il est en galante compagnie? Haussant la voix. J'ignorais que vous receviez des malpolis, Aubergiste-san. Nous sortons.
- Vous connaissez sans doute la cascade du lilium? Le jeune homme qui les avait abordé avait un ton plein de défi, et un regard plein de morgue. Je vous y attend immédiatement. Raccompagnez votre "compagnie" à quatre sous et rejoignez m'y. Ne vous défilez pas, ou votre réputation en prendrait un coup..."

Et sur ces mots, alors que les deux jeunes filles sortaient, de même que le groupe d'impertinents, ils rirent a gorgre déployée, surs de leur victoire prochaine. S'éloignant un peu, Oshita proposa à Kisa de rejoindre les garçons.
"Désormais, vous savez de quoi j'ai besoin pour avoir des renseignements sûrement très utiles sur... la suite de nos péregrinations. Je ne voudrais pas que vous voyiez ça. Je regrette vraiment de devoir souiller la chute des lys. Elle est si belle sous la lune, comme ce soir. Bande d'imbéciles. Kisa, retrouvez-les, vous êtes la seule à qui Ashitaka-san se confiera, je...ne me sentirais pas de lui demander ce dont j'ai besoin, aussi je compte sur vous. Et ne vous inquiétez pas pour moi, je suis plus forte que j'en ai l'air..."

Sans se retourner, juste en agitant la main, Oshita prit le chemin de cette cascade qu'elle avait tant aimé. C'est ici qu'Enishi lui avait avoué qu'il savait qu'elle était une femme, et qu'il l'avait reniée en tant qu'élève...pour l'adopter en tant que disciple. Hésitante, Kisa avait finalement pris le parti de la suivre, on ne savait jamais ce qui pouvait arriver, et elle pouvait mésestimer ses adversaires...
"Oh... ils n'y sont pas allés de main-morte...ils sont quatre, non cinq en comptant celui caché dans les fourrés. Mais j'ai promis que tout irait bien."
Souriant, elle se plaça au centre de la clairière et salua. Elle ne se doutait qu'à moitié qu'ils ne se présenteraient pas avant de l'attaquer. D'abord, à gauche, un homme avec des sabres courts. S'abaissant, d'un mouvement du poignet, la jeune guerrière le coupa en deux. Ensuite, tournant, elle coupa le ventre d'un second homme, qui arrivait à droite, le faisant s'empaler sur les sabres de son vis-à-vis. Elle se releva et sourit, passant un doigt gourmand sur sa lame pleine de sang. Décidément, ce qu'elle aimait le sang sous la lune... et un verre de saké après la bataille, au milieu des cadavres... mais plus tard. L'homme caché dans les fourrés tira. Une arme à feu! Tournant sur elle-même pour esquiver, elle lança son sabre, qui se planta entre les deux yeux du traître. Puis, fière, droite, elle défit son kimono, dévoilant une tenue de combat plus près du corps...et son sabre d'appârat. Le tigre applati au sol n'avait-il pas toujours vaincu le dragon? L'homme qui succomba ensuite aurait pu garantir que si. Puis s'avança l'indiscret qui avait provoqué cette rencontre. Il se fendit d'un simulacre de révérence avant de s'adresser à elle:

"Quel splendide spectacle ! Je me nomme Ryûchi Denma. Je suis membre du comité clandestin de défense du peuple contre les Onis. Vous ne voulez pas nous rejoindre? Vote part sera belle, au vue de votre puissance. Nou_s saignons le peuple et nous enrichissons sur son dos. Votre pragmatisme peut nous être d'une grande utilité. Oh, vous me décevez... Dois-je comprendre que vous n'êtes pas interessé? Très bien! Aaaaah !! "

D'un bond, il attaqua la jeune fille, du haut. D'un glissement qui la remit en position verticale, celle-ci esquiva. Durant plusieurs minutes, ce ne fut qu'un jeu d'esquive. Puis l'homme plaça sa lame à l'horizontale, permettant à la jeune fille de tester ce coup en conditions réelles... La voix d'Enishi lui revenait..." D'abord, place ta lame sur celle de l'ennemi, puis bondit, comme le tigre, avec un seul objectif. Tuer. Si tu en as l'occasion, place tes jambes autour du cou de ta victime, durant le saut. Avec l'élan, il se retrouvera à terre, il entraînera de lui-même le rétablissement de ta lame. Tu n'auras qu'à la receptionner et l'achever. "Au sol, Maître?" Oui, dans la vie, c'est tuer ou être tué... tu n'auras peut-e^tre pas de seconde chance, n'hésite jamais à tuer, que ce soit pour tes convictions, pour protéger ceux qui te sont chers, ou pour une cause qui te semble juste...
Secouant sa lame, Oshita ramassa son kimono. Elle rengaina son sabre, remit son vêtement, détacha son katana de l'arbre, rengaina et, sans un regard vers les cadavres livrés aux vents, partit. Dans la descente qui la menait ves le coeur de la ville où, elle l'espérait, ses trois compagnons l'attendaient, elle murmura:
"Je considère cette cause comme juste..."



[hrp] Si tu préfères que Kisa ne me suive pas, fais comme si elle était partie avec les garçons, et je modifierais ^^ En fait, fais-la faire ce que tu veux et j'éditerais selon ton poste du moment qu'il n'a pas d'influence sur le mien ^^ [/hrp]

(hrp : en fait, c'est bon, le post me convient, enfin, si j'ai biens compris, Kisa t'a suivie dans l'ombre, sans se montrée? En tout cas, je vais faire comme si, je pourrais toujours modifier mon post)

Kisa était restée dans l'ombre, prête à agir si cela tournait mal, à ce niveau, ses pouvoirs lui étaient bien utiles.
Mais lors du combat d'Oshita et de Ryûchi Denma, elle avait vu une ombre bouger dans les fourrés. Trop prise par son combat, Oshita ne semblait pas l'avoir vue.
Discrètement, elle se déplaça dans sa direction, tout en gardant un oeil sur le combat. En s'approchant, elle aperçu vaguement la forme d'un Onis, elle pouvait être sûr que c'était cela, il avait la tête d'un dragon et un corps fait d'écailles, aux formes vaguement humaines.
Tout à coup, le Onis sembla s'aviser de la présence de la jeune femme car il prit la fuite, dans les bois. Kisa rassembla ses forces, par bonheur, sa blessure ne lui faisait plus mal et elle se mit à courir à la suite du démon.
Il s'en suivit une vrai cavalcade, la jeune femme maintenant le rythme qu'avait imposer le démon avec peine, mais elle ne voulait pas lâcher l'affaire, elle était persuadée que si ce Onis était là, ce n'était pas pour rien...
Après un bon quart d'heure de poursuite fatigante, Kisa déboula dans une clairière, mais ne trouva nulle trace de son ennemi. Sur ses gardes, elle s'avança, sa main de portant instinctivement à son katana. Elle ne dû la vie qu'un un infime bruissement de feuille lorsque le Onis sauta sur elle, un no dachi en avant. Elle l’esquiva en faisant une roulade et sortit d’un même mouvement son katana. Elle se tint prête, regardant le démon droit dans les yeux, ses yeux rouges flamboyaient d’une lueur malsaine et cruelle. Kisa réfréna une grimace de dégoût face à un être si abject. Elle savait qu’à ce stade du combat, elle ne pouvait rien espérer de lui, aussi attaqua-t-elle, insufflant à son sabre une partie de sa magie, comme le Onis le faisait.
Là commença un combat... spécial, la jeune femme bataillait dure contre son adversaire, refusant de se laisser abattre par un ennemi plus puissant qu’elle. Les deux combattants rivalisaient de leurs pouvoirs, déchaînant toutes leurs forces dans la bataille dans un spectacle à couper le souffle.
Tout à coup, le démon feinta, mais son coup fut trop long, c’était un quitte ou double, soit il tuait son adversaire, soit il laissait une ouverture qui pouvait lui être fatale. Mais Kisa l’esquiva et remarqua. Elle en profita. D’un coup bref, précis, elle lui entailla le cou, suffisamment profond pour le tuer, mais pas assez pour lui trancher la tête. Il braqua sur elle des yeux où perçait une ultime trace de haine, qui manqua de la clouer sur place.

- Jamais tu auras ce que tu veux de moi... dit-il dans un dernier râle.

Kisa eut un sourire ironique.

- N’en sois pas si sûr... soufflât-elle avec une trace d’amertume.

Lors de son entraînement, son précepteur lui avait appris à maîtriser la nécromancie, une chose dont elle n’était pas fière du tout mais qui avait pu s’avérer bien utile.
Elle s’approcha du corps, vérifia qu’il était bien mort puis s’agenouilla à ses côtés, mit une main à quelques centimètres de son visage et se mit à incanter d’une voix profonde qui aurait donné des frissons à n’importe qui se serait trouvé là à ce moment.
Tout à coup, le démon ouvrit les yeux, des yeux morts qui faisaient peur à voir.

- Pourquoi épiais-tu le combat ? demanda-t-elle au cadavre.
- J’observais mon pantin.
- Pourquoi ?
- Il fallait que je sois sûr que la femme meure.
- Pourquoi ?
- Elle pourrait gêner les dessins de mon maître.
- Comment le sais-tu ?
- Une de nos prêtres nous l’a prédit.
- Qu’a-t-il dit ?
- Qu’elle est trois autre personnes, toi et deux hommes, viendront en nos terre nous combattre avec la volonté de tuer mon maître.
- Qui est ton maître ?

À ce moment, les yeux du démon se révulsèrent et, dans un dernier soubresaut, Kisa sus qu’elle ne tirerait plus rien de lui.
Elle se leva en silence, laissant le démon en pâture aux bêtes sauvages et partit rejoindre Oshita.

En voyant la jeune femme de dos, Kisa courut vers elle en l’apostrophant. Cette dernière se retourna, voyant que Kisa était couverte de sang et que quelques entailles couvraient ses bras et ses jambes, elle s’inquiéta, mais Kisa balaya ses inquiétudes d’un revers de main et elle lui expliqua la raison de son état ainsi que les révélations du Onis.

- Nous devons aller prévenir les garçons, ils sont eux aussi en danger... conclut-elle.

(hrp : pauvre Kheldarounet et pauvre Guillouchoux, ils vont avoir la la lecture... *sourire sadique*)

(hrp: t'en fais pas, on est pas en sucre... ^^ )

Kilsen et Ashitaka avaient décidé de n'aller voir leur maîtres qu'après le tournoi, histoire d'un peu moins subir ses foudres. Ils étaient allés s'inscrire au tournoi, puis s'étaient rendu à l'arène de pré-selection, où les combats n'étaient pas public.

Pour les guerriers, c'était un banal tournoi d'élimination: sur les 4500 candidats, seul 16 furent sélectionnés, dont Ashitaka.

Pour les Sohei, le test consistait à vaincre un animal sauvage, tigre, loup ou ours. Le pauvre animal ne voulut même pas rentrer dans l'arène où se trouvait Kilsen, qui fut désigné vainqueur par abandon.

Ils partirent rejoindre les filles, passant volontairement dans les ruelles mal famées pour permettre aux mécontents de s'exprimer... et à eux de se défouler un peu.

Sept hommes les encerclèrent, leur coupant toute retraite. Ils les éliminèrent sans mal, espérant tout de même que ce ne soit que des larbins, pour ne pas gâcher la qualité du tournoi.

Ils venaient d'arriver lorsque les filles entrèrent dans l'antre de l'Inugami. Ils avaient déjà commandé un repas et ils les atendaient pour commencer à manger.

Au fait, dit Ashi la bouche pleine, en plein milieu du repas, on est tous les deux sélectionnés pour le tournoi, si ça vous interesse...

Kisa les félicita et oshita soupira d'aise: elle n'avait même pas pensé qu'ils auraient pu échouer avant même de commencer.

(hrp : rabat-joie, va ! )

Kisa fit un sourire, à vrai dire, elle aurait été vraiment étonnée qu'ils ne soient pas séléctionnés. S'ils ne faisaient pas de bêtises, ils avaient même une chance (non des moindre) de gagner, elle avait-on ne peu plus confiance en eux sur ce point.
Lorsqu'ils eurent fini de manger, la jeune femme passa aux choses sérieuses et expliqua ce qu'elle avait appris, en partant de l'homme dans l'auberge jusqu'aux révélations du démon, elle expliqua tout en détail, se faisant parfois corrigée par Oshita lorsqu'elle oubliait quelque chose qui pouvait être important.
Elle conclut en sortant l'écrin et en tendant les deux colliers restants, un à Ashitaka, l'autre à Kilsen.

- Mettez-les et surtout, ne les enlevez sous aucun prétexte. Oshita et moi avons déjà les notre.

Le regard de la jeune femme se fit pensif alors qu'elle maintenait une boule d'eau en lévitation par magie. Elle essayait de faire le point sur les derniers évènements, mais avait la désagréable impression d'oublier quelque chose. Elle leva les yeux sur les autres et vit qu'ils s'étaient tous plongés dans un mutisme inhabituel.

- Bien, le tournoi aura lieu demain, alors les garçons, ne tardez pas trop à aller vous coucher et ne cherchez même pas à instaurer des tours de garde, la chambre d'Oshita et moi est juste à coter de la votre, il suffit d'ouvrir la porte pour que nous soyons dans la votre, donc vous avez l'interdiction de veiller.

Kisa avait fait un sourire en disant les derniers mots.
Ils avaient loué deux chambre et Kilsen et Ashitaka dormaient dans l'une tandis que Oshita et Kisa dormaient dans l'autre.

- Je pense qu'au moins une de nous deux sera dans les tribunes lors des combats, là aussi nous chercherons des informations, dit Kisa aux garçons.

Oshita n'arrivait pas à dormir. Elle avait recueilli les informations dont elle avait besoin pour que Mataemon trouve une solution. Mais il y avaiy quelque chose qui ne collait pas... Cet Oni. Un maître pour les Onis. Et les prophètes annoncés, leurs prédictions, le mal qu'ils étaient sensés leur faire. Oui il y avait ça mais aussi autre chose. Ah! Elle mit enfin le doigt dessus... Son Père. En quoi était-ce si important que maintenant elle devienne le fils parfait? Il l'avait toujours laissée agir à sa guise. Etait-ce dû à son âge? Ou à la conjecture politique? Ou... à une maladie qui le ferait mourir bientôt? Ou bien... non ce n'était pas possible... Bien sûr cet Oni n'était pas rentré tout seul dans la ville, mais son Père n'était pas avide de pouvoir à ce point... Enfin elle l'espérait. Demain, il lui faudrait aller voir Mataemon. Il aurait sûrement une idée de ce qui se tramait. Il était si gentil avec elle.
Elle en était là dans ses pensées, quand un léger tintement se fit entendre. Le tintement d'une clochette d'argent, fondue le jour de sa naissance, la clochette que son oncle lui avait dédiée. Sans faire de bruit, malgré les battements de son coeur qui semblaient envahir la pièce, la jeune samouraï sortit de l'auberge aussi vite que possible. Là, elle vit Mataemon, ou du moins sa silhouette de vieillard, ensanglanté, pendu au coin de la rue, la clochette tintant au vent. Choquée, Oshita couru vers lui, le décrocha, et tenta de retrouver son pouls. Il vivait encore, ils n'avaient même pas eu le courage de le tuer...

"Mataemon, mon oncle, répondez-moi !
- Shi-chan, c'est toujours un plaisir de te voir... Désolé pour ma mise, qui vaut bien celledu manant de l'autre jour.
- Ne parlez donc pas tant, économisez vos forces...
- Ma vie a été suffisamment longue, mais je m'en voudrais de pas t'aider dans ta quête. As-tu les renseignements que je t'avais demandé?
- Oui, bien sûr... Infection due à un Oni, se traduisant par des plaques brun-rouge , entraînant une grande souffrance, ou l'apparition momentanée d'une grande force...
- Seule l'Oeil de la Vérité peut guérir cette malédiction... C'est la plus puissante des pierres de magie. Elle a été brisée il y a longtemps et ses fragments répartis entre les grands chefs Onis... Pour la restructurer, il faut aller dans un endroit grandement sacré, dans l... Ahh..."

Et, dans un dernier soupir, le vieil homme, qui avait rendu de si grands services à la famille Shin'ne, s'éteignit à jamais. Son âme devait rejoindre les kamis qu'une mission sur cette Terre lui avait fait quitter.
Les sourcils froncés par la tristesse, la jeune fille ferma les yeux de l'homme qui l'avait aidé à survivre malgré ce qu'elle avait dû devenir. Elle lui murmura un dernier merci avant de prendre son corps pour lui rendre les derniers hommages. Arrivée dans la demeure familiale par un passage qu'il lui avait enseigné, elle lava son corps, le vêtit d'un kimono pour son dernier voyage, et le transporta dans les appartements du vieil assassin. Rassemblant ce qui pourrait lui être utile, elle brisa un meuble, avant de le placer au-dessus des débris de celui-ci. Sous son regard, elle vit l'homme brûler, alors qu'elle chantait le chant funéraire de la famille, réservé normalement aux enfants légitimes. Enfin, dans un dernier salut, elle quitta la demeure et retourna à l'auberge, encore impregnée de l'odeur de sang et de cendres, sentant la mort. Respirant profondément, elle écrivit à son père qu'elle l'attendait au tournoi le lendemain, et qu'elle avait hâte de prendre de ses nouvelles. Sur une autre feuille, elle écrivit trois mots:

Oeil. Sacré. Fragment.

Ne jamais en dire trop, telle avait toujours été la devise de son oncle... Les coïncidences étaient quand même un peu grosses. Il faudrait qu'elle en parle aux garçons, mais demain... Demain tout irait mieux...
Dans son lit, Kisa avait senti l'odeur portée par la samouraï, elle avait deviné sa tristesse, elle espérait pouvoir l'aider...

Le lendemain matin, les deux jeunes femmes se levèrent. Personne n'avait réellement dormi, aussi la sortie d'Oshita n'était-elle pas passée inaperçue. Il fallait qu'elle s'explique, qu'elle leur explique. Lorsqu'elle leva vers eux son regard résolu à leur livrer les tourments de la nuit, ils virent les sillons de qu'avaient laissées les larmes sur ses joues, effacés parfois par une trace de cendre.

"Je vais rapidement vous expliquer ce qu'il s'est passé, nous n'avons pas vraiment de temps à perdre... Cette nuit, mon oncle, Mataemon Shin'ne, a été assassiné. Il était censé chercher des information quant à la malédiction d'Ashitaka. Je ne sais pas si toutes les familles appliquent ce principe, mais Mataemon étant un bâtard, il était devenu espion et assassin. Je l'avais envoyé sur les traces de l'Oeil de Vérité, et il est mort. Cette pierre de magie, la plus puissante qui soit, a été brisée. Le nombre de fragments est inconnu à ce jour. Ils sont détenus par les grands chef Oni... Les kamis seuls savent combien il y en a! Il va donc nous falloir combattre ces êtres et le leur arracher de force, car cela m'étonnerait fort qu'ils nous le donnent si on le leur demande. Maintenant, il est l'heure pour vous de vous préparer à combattre, et pous nous de nous préparer à assister à un tournoi où tout le monde nous verra. J'ai promis à mon père de l'y rejoindre. Quant aux informations, je m'arrangerais bien dans les tribunes nobles pour en trouver. Excusez-moi maintenant, il faut que j'aille me préparer..."

D'un mouvement, elle se leva, rejoignant la salle d'eau. Elle ne leur parlerait de "l'autre problème" qu'une fois qu'ils n'auront plus vraiment autre chose à faire. Arrangeant ses longs cheveux sous sa coiffe militaire, elle songea que cette quête ne pourrait probablement les mener qu'à la mort. Peu lui importait désormais. Avec un dernier coup d'oeil vers la glace, elle réajusta son armure puis alla chercher son sabre d'appârat. Ils se dirigèrent alors tous vers l'arène publique où la jeune femme pris place avec son père sous les saluts des autres nobles, qui ne l'avaient pas vu depuis longtemps et qui voulaient voir ce jeune homme marié à leur fille. Répondant aux salutations et esquivant les pièges, Oshita s'installa et ouvrit grand ses oreilles. Elle avait confiance en eux, il fallait qu'ils gagnent.

Kilsen et Ashitaka étaient dans de petites loges, spécialement construites pour le tournoi, elles ressemblaient étrangement aux battisses des gladiateurs du temps de la grande Rome, qui régnait alors en maître sur le monde.
Bien qu’ils leurs restaient qu’une trentaine de minutes avant le début des premiers combats, les deux compères prirent étrangement leurs temps… Ashitaka prit le temps de manger et Kilsen, celui de méditer; Jusqu’au moment ou un serviteur habillé à l'occidental annonça l’ouverture du tournoi dans 10 minutes, ils ne leurs restés que peu de temps pour enfiler leur armures.

Ashitaka tourna la tête pour voir ses futurs adversaires : la plupart étaient des rônins sans noms et sans honneur en quête de gloire ou d’argent, ou de simples budokas ayant une ambition démesurée, ils n’étaient plus que 16 sur un total de 4500 pour les combattants.
Des adversaires bien faibles pour son rang, il finit même par être persuadé qu’il pouvait les battre avec un simple boken, mais c’était plus les adversaires de Kilsen qui l’inquiétait, il y’avait parmi leur rang des hommes de la corpulence d’Héraclès, le crâne rasé et le regard froid, ressemblant d’avantage à des golems qu’a des personnes vivantes…

Les deux frères se souhaitèrent bonne chance pour leurs combats respectifs, le guerrier ne pensa plus qu’a une seule chose… il pensa à Kisa, inévitablement le bougre tomba amoureux de la jeune et jolie Shugenja, il ferma ses yeux en imaginant son visage et ne fut réveillé que par le coup de Kilsen dans son dos :

« Oh ! Arrête de rêvasser, nous allons entrer dans « l’arène »

Il entrèrent un par un et se dirigèrent d’un seul homme sur le banc placé dans l’axe, il chercha Oshita et Kisa du regard, mais ne vit qu’Oshita qui discuter, assied à côté de gens de bonnes familles, de l’aristocratie de la capitale. La garde impériale était présente pour éviter tout débordement de la foule composée de roturiers, de marchands, d’artisans et de paysans, etc.…

Il prit le collier que Kisa lui avait donnée et le mit dans sa main, en le touchant nerveusement, il regarda dans le public mais ne décela pas sa présence, elle devait être occupé à autre chose.

La durée des combats était de deux round de 10 minutes, jusqu'à effondrement ou abandon d’un des deux participants.
Le premier affrontement de Kilsen et d’Ashitaka, se termina par une victoire facile des deux hommes, et leurs suivants étaient dans une vingtaine de minutes, il en profitèrent pour boire un coup…

Kisa se retint avec peine de donner un coup de poing dans le mur par frustration. Elle tournait en rond comme une tigresse dans une cage avec un regard flamboyant. Les personnes autour d’elle faisaient instinctivement un écart pour l’éviter. Elle devait réfléchir à toute vitesse, mais ses pensées la menaient immanquablement vers l’arène. Elle était inquiète au moment où il le fallait le moins. Elle se força à revenir à l’instant présent.

- Amenez-moi à votre Maître.

Ce n’était pas une supplique, mais un ordre, et les hommes dans la pièce se regardèrent en se dandinant d’un pied à l’autre.

- Mais... Dame, nous ne pouvons pas enfreindre nos ordres, dit l’homme qui devait être le chef d’une voix hésitante.

Kisa arrêta da faire les cent pas et se tourna vers l’homme, le regardant droit dans les yeux bien qu’il fit une tête de plus qu’elle.
La jeune femme, au détour d’une rue, en allant à l’arène, était tombée nez à nez avec cette bande. Ils lui avaient demandé fort poliment de la suivre sans opposer de résistance - de toute manière, elle n’aurait pas pu se battre au sabre contre eux, ils étaient trop nombreux, et utiliser sa magie aurait risqué de blesser des passants, une chose qu’elle préférait éviter dans la mesure du possible -, elle les suivit donc jusqu’à cette immense maison bordée de jardins située au coeur de la ville. Ces hommes lui avaient dit qu’un certain Jingu souhaitait... s’entretenir... avec elle et lui avait dit d’attendre patiemment. Depuis elle n’avait pas cessé de marcher d’un bout à l’autre du salon. La méfiance des hommes était autant due à la lueur qui brillait dans ses yeux qu’au fait que plusieurs vases avaient déjà explosés sous une petite pression de magie au passage de la jeune femme.

- J’en ai plus qu’assez d’attendre le bon vouloir d’un homme pourri d’ambition et sadique que lui !

Ses paroles furent ponctuées par les débris d’un vase qui vinrent s’éclater contre le mur, à un centimètre du visage de l’homme. Si c’était le chef de ce ramassis de bandits, il devait être bien prêt de perdre toute autorité sur eux car il avait l’entrejambe trempé.
Il s’apprêta à dire quelque chose lorsque la porte du fond s’ouvrit et qu’un serviteur en livrée jaune à l’air hautin entre dans la pièce. Il déclara d’un ton des plus méprisants que « le Seigneur Jingu, Seigneur parmi les Seigneurs et illustre Maître de cette maisonnée » souhaitait voir son « invitée ».
Kisa n’attendit pas un instant de plus et s’engouffra si vite à travers le jardin intérieur que le serviteur fut obligé de courir derrière elle.
Ils arrivèrent devant une porte ornée de dorures et de fioritures auxquelles Kisa n’accorda même pas l’esquisse d’un regard et la jeune femme poussa la porte sans y être invitée.
Là, un gros homme au regard rusé derrière un vernis de politesse leva vers eux un visage indigné qu’il masqua vite par un air mielleux en reconnaissant la shugenja.

- Ha, Sa-chan, que je suis heureux de te voir en ma demeure. Tu as bien grandit depuis notre dernière rencontre.
- Ne m’appelez jamais ainsi, Jingu ! siffla-t-elle entre ses dents en s’approchant du bureau devant lequel l’homme était assit.

Le dénommé Jingu fit un sourire, nullement gêné par le ton qu’employait Kisa.

- Tu ne peux pas savoir à quel point tu m’as manqué, j’aurais souhaité te voir plus tôt dans cette ville, dommage que tu ne sois pas venue toi-même me dire bonjour...
- Venir dire bonjour à l’homme qui tua ma mère et qui tenta de me prendre pour se servir de moi pour ses propres ambitions !

Jingu parut presque attristé. Presque.

- Si ta mère m’avait obéi et ne t’avait pas envoyée chez ton père, elle ne serait pas morte, elle aurait même pu rejoindre mon harem si elle avait été gentille. Quant à toi, je t’aurais élevée comme ma propre fille.
- Votre propre fille ?! Je doute que vous puissiez ressentir un quelconque sentiment envers quelqu’un ! Ce qui vous intéressait, c’était mon pouvoir. Il vous aurait été tellement utile si j’étais devenue un de vos pantins !

L’homme se leva et s’approcha lentement de Kisa jusqu’à n’être plus qu’à un pas d’elle.

- Si seulement tu avais pu m’appartenir...

Le léger clignement de paupière de Jingu avertit Kisa à temps et elle plongea en arrière, évitant de justesse la lame du poignard qui fonçait sur elle. L’homme avait sorti un poignard dans sa fureur dans la nette intention de tuer la jeune femme.
L’ennui – pour lui – était qu’il n’avait droit qu’à un essai et il l’avait manqué. Kisa concentra sa magie et Jingu s’écroula au sol en suffoquant. Il agrippait sa gorge dans un geste de pur désespoir et Kisa le regardait, et, implacable, elle ne desserra pas l’emprise de sa magie jusqu’à ce qu’elle fût sûre que le coeur de l’homme qui avait hanté son enfance eut entièrement cessé de battre.

La jeune femme resta un instant à regarder le cadavre à ses pieds avec des yeux horrifiés puis sa raison repris le dessus. Elle s’approcha d’un tiroir et prit un morceau de parchemin qu’elle glissa dans sa chemise. Elle regarda par la fenêtre, sauta et atterrit un mètre plus bas en bénissant le ciel que le bureau de Jingu se trouve si près du sol.
Elle se mit à courir dans les rues, ne faisant pas attention aux passants qu’elle bousculait au passage et se dirigea l’arène. Elle esquiva les gardes en courut jusqu’aux gradins. Là elle vit Oshita et lui adressa un bref hochement de tête, mais jugea préférable de ne pas la rejoindre. Son regard se porta sur l’arène et son sang se figea dans ses veines. Ashitaka était en train d’y combattre un homme qui faisait une tête et demie de plus que lui et qui semblait avoir été allaité aux anabolisants. Elle se rasséréna en constatant qu’il s’en sortait bien, mais cela n’empêcha pas son coeur de battre au rythme des coups.
N’y tenant plus, elle se fraya un chemin jusqu’au premier rang et se pencha pour voir le spectacle de plus prês ; Ashitaka prenait le dessus et d’un coup de sabre d’une précision chirurgicale, il asséna un coup du plat de sa lame sur la tête de son adversaire qui tomba dans les pommes. Ashitaka fut décerné vainqueur du combat et il quitta l’arène.
Kisa joua de nouveau des coudes dans la foule et se dirigea vers ce qui servait de vestiaires pour les combattants, ouvrit la porte sans faire attention au garde qui voulait l’arrêter et tomba littéralement dans les bras d’un Ashitaka surprit qui se trouvait derrière la porte.