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Ce n'est pas la fin. Ce n'est même pas le commencement de la fin. Mais c'est peut-être la fin du commencement. A vous de continuer l'histoire...
 
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 L'Ile

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wolfraganédon
Oeuf de dragon



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Date d'inscription : 08/02/2012

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MessageSujet: L'Ile    L'Ile  Icon_minitimeMer 8 Fév 2012 - 20:52

Bonjour et merci à tous ceux qui liront ces lignes. Je suis tout nouveau sur le forum et, comme vous je pense, j'adore écrire, mais ça reste uniquement pour le plaisir. Voici donc mon premier petit texte, histoire de voir ce que je vaut.


Le vent polaire gonflait les voiles tachées de sang tandis que l’épaisse coque de bois brisait la glace que l’on entendait gémir et craquer. Au pied des falaises qui se dressaient majestueusement à tribord, des torches s’allumaient par dizaine dans la nuit et on imaginait sans problème le bruit des armes sortant de leurs fourreaux. Le son des cloches était assez puissant pour s’étendre au-dessus de l’océan de glace et parvenir aux oreilles des navigateurs souriant. Ils n’avaient même pas pris la peine de se faire ombre parmi cette obscurité et, portés par leur arrogance, ils traversaient les eaux ennemies loin des voies de navigation.
Le navire de tête était énorme, avec des morceaux de bois cloués à l’avant pour pouvoir résister à l’épaisse couche de glace et d’énormes voiles pour pouvoir déplacer toute cette masse. Les trois mats étaient grossièrement taillés dans de hauts troncs et les voiles formées de peaux cousues les unes aux autres et fixées par d’épaisses cordes disgracieuses. A la proue se dressait une pointe destinée à éventrer les bateaux ennemis tandis qu’à la poupe un énorme orque, torse nu malgré les moins quinze degrés ambiant, maniait le gouvernail. Juste devant lui, un gobelin tenait deux bouts de bois attachés ensemble par une ficelle et qui lui servaient à s’orienter en visant les étoiles. Le petit être vert était couvert de bandages et de bleus, comme la plupart de ses congénères à bord qui effectuaient les tâches ingrates. Tel était le risque à travailler parmi les orcs, mais ces derniers n’étaient pas capable de se faire à manger ni de diriger un navire sans aide.
Deux autres forteresses flottantes suivaient le meneur de tête, s’insinuant dans le sillon laissé au milieu de la glace et communiquant par des signaux lumineux.
Les humains quant-à eux, fiers et résignés à ne jamais laisser l’ennemi passer si près de leur Capitale, embarquaient déjà à bord de leur flotte d’élite pour poursuivre les peaux-vertes. Vu la forme élancée de leurs navires et leurs voiles d’un blanc immaculé, ils les rattraperaient en moins d’une heure bien qu’il faudrait prévoir une bonne quantité de soldats pour venir à bouts des orques, mais surtout de leur chef.
Le gobelin partit en courant dès qu’il vit les torches s’agiter dans la nuit sans pour autant voir celui qui les maniait. Le petit peau-verte se fraya un chemin entre les autres membres d’équipage en faisant attention de ne pas les bousculer et emprunta l’échelle encombrée de cordages qui menait à la soute. Après s’être tiré des amas de caisses, de tonneaux, d’armes, de nourriture, de peaux-vertes endormis et de tout le matériel maritime, il frappa doucement à la porte éclairée d’une torche dont les flammes léchaient dangereusement le plafond de bois. Une fois qu’on le lui ordonna depuis l’intérieur, il ouvrit la porte et courut face à la table sur laquelle était étalée une grande carte du monde. Un orc en armure et avec une épaisse cape de fourrure scrutait cette carte avec intérêt.
-Parle !ordonna-t-il sans lever la tête.
-Peaux-blanches, Général ! s’exclama le gobelin de sa voix aigüe et grinçante, ils envoient soldats.
-Pas important, quand verront où peaux-vertes vont, ils suivront pas.
-Mais Général, sept grandes barques…
-Pas important j’ai dit !le coupa-t-il en redressant enfin la tête pour le fixer de ses yeux bruns, vas travailler.
Le gobelin acquiesça et sortit en courant et en claquant la porte au passage. La Général Gargr remit sa cape en place et fixa d’un air penseur l’énorme hache à double tranchant posée sur la table.
L’orc était jeune, avec un visage à la peau lisse qui n’arborait aucune cicatrice ni aucune preuve d’une victoire passée. Cela faisait longtemps qu’il avait quitté son clan pour servir son seigneur, mais durant de nombreuses années, il avait simplement mené de petits raids contre les fermes humaines et ça ne l’avait guère endurci. Il s’était durement entrainé toute sa vie mais cette expédition était sa première chance de montrer de quoi il était capable. Les deux navires qui suivaient étaient dirigés par des Sorciers Mortem, les yeux et les oreilles du Seigneur des Ténèbres, alors s’il se montrait fort devant eux, il en serait grandement récompensé.
Les navires humains étaient désormais visibles au nord, s’engouffrant dans le sillon laissé par les orcs afin d’aller plus vite, sans avoir à fendre la glace de la lame de métal qui trônait à leur proue.
-Droit vers sud !hurla le Général qui était monté sur le pont.
Un gobelin avait été envoyé au sommet du mat pour veiller. Même avec sa médiocre vue, il arrivait déjà à percevoir la lueur des torches humaines alors il s’agitait et criait, apeuré par la menace qui se mouvait vers eux.
-Nabot !l’insulta Gargr, regardes pas au nord, au sud !
Le frêle peau-verte regarda dans l’autre direction mais n’y vit aucune lumière, seulement le reflet des étoiles là où la glace fondait pour laisser place à de l’eau glaciale.
-Bientôt plus glace !répondit-il en hurlant.
Le Général sourit et courut à la proue pour voir s’il arrivait à se repérer dans ces eaux où aucun orc n’était passé depuis bien longtemps.
Le navire de tête s’extirpa des glaces en un dernier crissement et commença à avancer au milieu des icebergs monstrueux qui laissaient de dangereux couloirs entre eux. Un gobelin s’empara d’un arc court et se mis à tirer des flèches enflammées en avant afin de s’assurer que leur trajectoire était dégagée.
Le reste de la flotte sortit à son tour des glaces et on entendit alors un terrible choc et un éclair foudroyant descendit du ciel droit vers le dernier bateau. Gargr courut vers la poupe en bousculant tout le monde au passage afin de voir ce qu’il se passait mais le navire intermédiaire lui cachait la vue. Il sentit juste un vent glacial passer puis tout fut silencieux.
-C’était quoi ?hurla-t-il à l’intention du vigil gobelin.
-Sorcier Mortem utiliser magie, refermer passage dans glace.
Le Général tendit l’oreille et fut amusé d’entendre le lointain son de la glace qui se brise. Les humains devaient désormais se tailler leur propre chemin grâce à la puissante magie noir du Sorcier Mortem, mais ils n’abandonnèrent pas la poursuite, leurs navires fendait sans problème la surface glacée.
A leur tour les humains s’extirpèrent de la longue étendue gelée pour naviguer entre les icebergs où les orcs avaient déjà pris une bonne longueur d’avance. Des Opaleurs, oiseaux recouverts d’écailles et capables de plonger sous l’eau, s’envolèrent des bateaux humains. Ils étaient dressés pour repérer les icebergs et c’était là une technique bien plus efficace que de vulgaires flèches enflammées qui n’éclairaient que très peu avant de s’éteindre dans l’eau sombre.
Gargr en avait marre de crier après le vigil gobelin alors il était lui-même monté dans le plus solide des mats et se dressait désormais sur la bôme de la grand-voile. De là, ses yeux ne quittaient plus les grandes voiles blanches qui les poursuivaient et que l’on repérait difficilement au milieu de cette immense désert de glace et de neige.
-Général !
L’orc leva la tête vers le vigil gobelin qui montrait le sud alors il se retourna avec difficulté en grognant face à l’inconfort de cet observatoire de fortune. Son visage grimaçant céda la place à un sourire sadique lorsqu’il vit des montagnes noires se découper au-dessus de l’océan au sud d’ici. D’abord il ne fut pas sûr qu’il s’agisse là de leur destination, mais quand les humains immobilisèrent leur flotte, ça ne fit plus aucun doute.
-Ralentir voile !hurla-t-il.
Tous les gobelins se mirent à courir dans tous les sens pour faire ralentir le navire tandis qu’on prévenait les deux embarcations suivantes en agitant les torches.
Les humains s’arrêtèrent et restèrent figés un moment, observant les orcs s’éloigner puis, une fois que leur destination ne fit plus aucun doute, ils firent demi-tour et retournèrent chez eux plein de rancœur et de déception.
Gargr éclata de rire en voyant leurs ennemis renoncer et redescendit sur le pont où il transmit sa bonne humeur à ses troupes.
L’île était en forme de croissant de lune, avec une baie protégée des vagues tandis que le reste des rives semblait fait de lames rocheuses où bien des navires avaient dû s’écraser sous le coup des torrents déferlants. On disait que nul être vivant n’avait posé les pieds sur l’Ile du Sorcier, seuls les enfants de la déesse noire y vivaient et ils protégeraient avec acharnement l’élu de leur maîtresse. La lune noire n’était pas pleine dans le ciel, mais Gargr la fixa quand même un moment avant d’ordonner que l’on éteigne toutes les lumières. Affronter des peaux-sombres allait être un bien plus grand défi que les peaux-blanches qui venaient de les menacer. Il fallait espérer qu’ils ne soient pas très nombreux car ce serait déjà miraculeux qu’ils ne se fassent pas repérer, avec ou sans lumière.
Le navire de tête fit un grand détour pour pouvoir se placer face à la baie suite à une manœuvre maritime complexe. Il continua ensuite tout droit vers l’île, espérant qu’aucune pointe de pierre ne stopperait leur course en éventrant la coque. Les Sorciers Mortem firent exécuter la même manœuvre en se plaçant dans le sillage du Général pour le laisser prendre tous les risques.
Les montagnes noires se rapprochèrent vite et bientôt ils entrèrent dans la baie où Gargr s’empressa d’ordonner le silence, ce qui était difficilement envisageable pour des peaux-vertes. Ses yeux n’arrêtaient pas de bouger, cherchant le moindre signe de vie sur cette terre qui semblait désolée. La seule chose qu’il repéra fut la faible lueur d’un feu situé haut dans les montagnes, là où un chemin sinueux montait.
Le bruit des vagues s’échouant sur la plage persista un moment, seul son dans la nuit, puis les trois coques vinrent à leur tour s’échouer, soulevant des monceaux de sable en un fracas qui aurait réveillé même un dragon. Personne ne sembla vouloir surgir entre les rochers alors les orcs eurent tout le temps de s’équiper avant de sauter directement dans le sable du haut des dix mètres de coque. L’atterrissage formait de gros impacts mais aucun peau-verte ne semblait en souffrir même si certains se vautraient par terre sous les moqueries de leurs congénères.
Gargr posa pied à terre avec une grâce incomparable aux mouvements grossiers des autres orcs puis, sans même un mot, il les fit se regrouper face à son navire. Le bruit des armes et armures mêlé aux grognements était tel que le Général était surpris qu’aucun ennemi ne se montre et cela l’amusait fortement en se rappelant toutes les histoires terrifiantes à propos de cette île. Son sourire disparut lorsqu’il vit les deux sorciers se faufiler au milieu des orcs, silencieux comme la mort et vêtus tout comme, avec de grandes robes noires et des capuchons ne laissant de leur visage qu’un trou vide et sombre. Leurs vêtements avaient beau être tout déchiquetés, on ne percevait aucune trace de vie en dessous et cela glaçait le sang des peaux-vertes mais également des peaux-sombres qui épiaient les nouveaux-venus depuis leurs cachettes.
-On nous observe, commenta un des deux Sorciers Mortem d’une voix presque inaudible et sifflante comme celle d’un serpent.
Gargr se retourna et observa les alentours mais n’y trouva aucun signe de vie, ce qui n’était pas forcément une bonne chose. Les peaux-sombres étaient connus comme étant d’excellents assassins, alors mieux valait les affronter de face.
-En haut !ordonna Gargr, sorcier sûrement dans montagne.
D’un geste en avant, il mit en marche ses troupes tandis que les deux sorciers s’éloignaient entre les arbres et scrutaient l’île de leurs sens surnaturels. Le Général avait hâte de sentir le sang de sa cible couler sur ses doigts et d’entendre les orcs répandre la rumeur de sa victoire, alors il avançait d’un bon pas, devançant le gros de la troupe.
Alors qu’il pensait à la façon dont il allait tuer le sorcier, il entendit un rire et se retourna pour voir où en étaient les orcs. Ces derniers ne semblaient pas avoir compris quand il avait ordonné le silence car l’un d’eux, en tête, racontait une quelconque anecdote qui faisait rire ses confrères. Gargr sortit son épée courte. Il devait apprendre à ses nouvelles troupes à le craindre et à le respecter sinon ce serait de pire en pire avec le temps.
Contrairement aux peaux-vertes, les peaux-sombres se déplacèrent plus silencieusement que le vent et l’un d’eux réussi à se glisser juste derrière le Général orc. Ce dernier se serait fait trancher la gorge s’il n’avait pas perçu le regard d’un de ses soldats qui se détourna pour regarder derrière. Gargr fit un mouvement brusque sur le côté, faisant dévier juste à temps la lame de son cou vers son épaule. Le petit couteau d’assassin se brisa sur son épaulière et il se retourna en rugissant tel un fauve en colère. Il voulut saisir le peau-sombre par la gorge mais le frêle être esquiva sans problème et sortit une seconde lame qu’il lui enfonça dans le ventre, là où la chaire était accessible entre les plaques d’armure. Le Général grogna avant d’envoyer un coup de genou sous le menton de son adversaire, ce qui suffit à lui briser la mâchoire. Cette fois il put l’attraper par la gorge et y enfoncer ses doigts tandis que deux autres peaux-sombres surgissaient du haut des arbres.
L’orc récupéra le couteau qu’il avait dans le ventre et s’en servit pour trancher la gorge du premier assaillant d’un seul coup sec. Il repoussa le deuxième d’un coup de tête en plein torse qui lui offrit le temps de récupérer son épée au sol et de l’empaler avec.
Le sang coula le long de la lame où le corps inerte glissa pour aller s’écraser au sol. Gargr rangea son arme légère à sa ceinture et sortit plutôt son énorme hache, la brandissant sur son épaule tout en scrutant les alentours, comme pour défier un quelconque adversaire. Finalement il se retourna et fixa avec mépris les deux Sorciers Mortem qui n’avaient pas daigné intervenir alors qu’ils leur auraient suffit d’un claquement de doigts pour s’occuper des trois peaux-sombre et éviter à l’orc l’égratignure au ventre qui aurait sûrement été mortelle à un gobelin. Le Général tourna ensuite son regard vers ses soldats qui avaient tous dégainé leurs armes mais sans pour autant s’en servir. Bien sûr il n’y avait eu que trois ennemis, mais apparemment tout le monde avait décidé de mettre à l’épreuve le nouveau Général, et il n’appréciait pas être traité comme un louveteau. Sans prévenir, il fit tourner sa lourde hache autour de lui et l’envoya en un mouvement parfait en plein milieu du torse de l’orc qui s’était permis de parler. Sa peau fut vite envahit de sang et il s’écrasa au sol tandis que les autres s’écartaient et observaient avec étonnement leur chef. Sans plus d’explication, il récupéra sa hache en calant son pied sur le corps inerte puis reprit la route, laissant son arme trainer derrière lui au cas où il en aurait subitement besoin.
Les orcs hésitèrent un instant à le suivre mais, comme les sorciers reprirent la marche, ils en firent autant. Un des sorciers revint d’ailleurs sur la route et s’approcha du Général Gargr pour marcher à ses côtés bien qu’on le voyait seulement flotter au-dessus du sol sans voir de quelconques jambes.
-Il y a des habitations là-bas, lui apprit-il en faisant un petit geste vers l’est, les autres elfes noirs sont là-bas.
Gargr le regarda de travers, méprisant la façon trop parfaite dont il parlait mais se demandant surtout s’il lui dévoilait cela pour se faire pardonner de ne pas être intervenu, ce qui était étrange venant d’un être aussi diabolique. L’orc acquiesça finalement et fit changer de direction à sa troupe, coupant à travers le bois aux arbres peu nombreux qui laissaient assez de place pour progresser en grand nombre.
Bien vite les peaux-vertes aperçurent des constructions s’élevant vers le ciel étoilé, construites autour du chemin gravissant les montagnes. A première vue il n’y avait aucune trace de vie, mais ils n’eurent pas le temps d’aller s’en assurer car les peaux-sombres passèrent à l’attaque.
Tombant du ciel en un silence parfait, ils s’abattirent sur des orcs, les tuant d’une unique attaque en leurs enfonçant des lames dans le cou. Cette fois un des sorciers se décida à aider le Général en faisant voltiger dans les airs l’ennemi qui lui tombait dessus. Le temps que les peaux-vertes dégainent leurs armes, l’ennemi avait surgi de partout en grand nombre, brandissant dagues et épées. Ils étaient certes bien moins nombreux mais commençaient à semer la mort sans aucune difficulté.
Gargr exécuta un grand cercle de sa hache, fauchant plusieurs têtes, puis la souleva pour l’abattre dans le torse d’un peau-sombre. Un autre l’attaqua agilement par derrière mais la lame qui s’enfonça dans son épaule ne lui causa que peu de douleur. Le Général fit volte-face et envoya un coup de tête dans le torse de son adversaire, brisant involontairement des côtes et le faisant tomber raide mort. Une fois la surprise passée, les orcs commencèrent à se défendre férocement, hurlant leur rage bestiale chaque fois qu’un ennemi tombait ou hurlant leur haine chaque fois que l’un des leurs était terrassé. Encerclés et abattus comme des chiens, les peaux-sombres durent prendre la fuite, ce qu’ils firent sans problème en se faufilant rapidement entre les peaux-vertes si lents. Ils se mirent alors à courir vers leurs habitations mais Gargr n’hésita pas une seule seconde à les poursuivre, imité par tous ses soldats qui hurlèrent le son d’une victoire proche. Mais il ne fallait pas crier victoire trop vite. A l’entrée de ce qui ressemblait en fait à un village, un homme sans armure attendait, laissant ses confrères peaux-sombres fuir et se réunir derrière lui. Il était vêtu d’une longue robe noire, le visage recouvert d’un capuchon et une ceinture pleine de poches dans lesquelles étaient sûrement entassés des ingrédients magiques. La cible.
Le Général hurla plus fort que jamais en le voyant et exécuta un bond impressionnant, levant son énorme hache de ses muscles saillants. Il n’eut cependant pas le temps de reposer un pied à terre car il suffit à sa cible de tendre un bras pour le propulser dix mètres plus loin où il s’écrasa au sol de toute sa masse. Gargr se releva en rageant et plissa les yeux de défi en voyant des flammes surgir entre les doigts du peau-sombre et aller dévorer les orcs un par un. C’est alors que les Sorciers Mortem passèrent à l’action. L’un d’eux dressa hors du sol un bloc de pierre qui brisa les chaînes de feu tandis que le second faisait tomber la foudre du ciel, l’abattant sur le sorcier ennemi. Ce dernier leva le bras et arrêta l’éclair, le concentrant dans sa main pour le renvoyer à son propriétaire d’une facilité déconcertante. Des racines surgirent du sol autour de lui et arrêtèrent le bloc de pierre qui lui était projeté dessus.
Gargr se servit des deux sorciers comme d’une diversion et en profita pour foncer vers sa cible en hurlant. Malheureusement l’elfe noir semblait bien plus fort que les trois combattants réunis. D’une seule main il contrôla ses racines pour empêcher l’orc d’approcher tandis que de l’autre il faisait tournoyer des pierres en l’air et assaillait les Sorciers Mortem pour les empêcher de se concentrer sur un sort.
Pendant ce temps les orcs avaient repris l’assaut et massacraient tout ce qui croisait leur chemin. Les peaux-sombres opposaient une farouche résistance, tentant de protéger femmes et enfants mais, sans aucune pitié, les peaux-vertes les exterminaient. Ils entraient dans les maisons en explosant les portes, répandaient sang et entrailles sur les murs ou abusaient des femmes devant les yeux des enfants. Face à tous ces cris de désespoir, le sorcier peau-sombre tenta de faire quelque chose, mais se battre sur quatre front devint difficile, surtout quand des orcs se mirent à l’attaquer également.
Gargr cru enfin voir sa chance. Le sorcier se protégeait déjà des flammes d’un Sorcier Mortem, attaquait l’autre avec tous les projectiles qu’il pouvait contrôler et affrontait les orcs de ses racines enchantées. Le Général hurla et souleva une fois de plus son énorme hache. Il réussit à s’approcher juste devant sa cible mais, alors qu’il allait frapper, les étoiles s’éteignirent soudain et les lunes furent obscurcies. Dans le noir total, un rugissement tonitruant retentit, venant du haut de la montagne. L’éclairage naturel revint et on vit la lune noire dans le ciel, scintillante de sa lueur malveillante, dominant en taille les deux autres lunes alors qu’il y a peu ce n’était encore qu’un croissant ridicule.
C’est alors que Gargr remarqua que sa cible n’était plus dans la trajectoire de sa hache, il avait disparu. Tandis que retentissaient les derniers hurlements du peu de peaux-sombres restants, le sol se mit à trembler et on entendit plus loin des cris, beaucoup de cris. Il y eut un grand craquement puis le silence absolu. Les gobelins venaient de se faire massacrer en un temps record, et les navires n’étaient sûrement plus que des tas de bois remués par les vagues.
Au dessus des cimes des arbres, une tête s’éleva, d’une taille rendant ridicule chaque orc. Ses dents noires comme la nuit luisaient tout comme la lune tandis que ses yeux avides de sang fixaient les peaux-vertes. Une deuxième tête semblable s’éleva, puis une autre, et deux ailes remuant les cieux, trainant hors des nuages des trainées sombres au milieu de cette nuit qui l’était déjà tant. Une autre tête s’éleva, et un pas, un seul, fit trembler le sol. La bête monstrueuse avança, écrasant les arbres comme s’il ne s’agissait que de vulgaires brindilles.
Les orcs avaient beau ne pas savoir compter, les cinq têtes de dragons les obnubilaient, rugissant, crachant des flammes ou claquant simplement dans l’air, comme pour préparer leurs dents à ce qui allait suivre.
Le corps monstrueux arriva au-dessus du village et deux têtes passèrent à l’attaque, l’une dévorant d’une bouchée trois orcs tandis que l’autre broyait un bâtiment pour projeter les débris sur les peaux-vertes qui commençaient à fuir en courant. Le Général aurait aimé pouvoir rester face à cette chose et brandir sa hache mais, lorsque des flammes jaillirent autour de lui, il prit ses jambes à son coup comme tous ses soldats.
Les deux Sorciers Mortem se mirent à chanter d’un air languissant, faisant se soulever des blocs de pierre partout autour d’eux. Les projectiles se mirent ensuite à tournoyer à toute vitesse avant de s’enflammer et de partir vers les différentes têtes. Sous les yeux stupéfaits des sorciers qui venaient de donner le meilleur d’eux-mêmes, les cibles agrippèrent les rochers à pleine dent pour les broyer ou les firent simplement exploser en l’air de violents coups de museau. Les cinq têtes se tournèrent alors vers les deux attaquants qui, ne prenant pas peur une seconde, érigèrent un énorme bouclier de magie noire devant eux. Pendant que l’un d’eux le maintenait en place, l’autre fit sortir du sol des pointes de pierre qui empaleraient n’importe quelle gueule qui s’approcherait.
Les lourdes pattes-avant se placèrent de façon à équilibrer le corps, prévoyant un brusque mouvement avant que les deux sorciers eurent raison de craindre. Deux têtes se mirent à cracher des torrents de feu qu’elles propagèrent dans tous les sens tandis qu’une autre saisissait le bouclier magique à pleine dent. Les Sorciers Mortem voulurent l’élargir d’un coup pour déboiter la mâchoire mais la puissance magique de la bête était telle qu’ils perdirent le contrôle de leur bouclier. Le dragon difforme s’en servit pour briser toutes les pointes de pierre tandis que les deux malheureux tentaient de disparaitre, mais toute cette magie dans laquelle l’île baignait coupait tout contact avec l’extérieur. Grande ouverte, une quatrième gueule s’approcha, vive comme l’éclair, et referma ses crocs autour d’eux. Les corps d’ombre explosèrent en fumée avant de retomber au sol en un sifflement qui s’éteignit sous les rugissements de la monstrueuse bête.
Gargr courait aussi vite qu’il le pouvait mais les orcs à ses côtés, qui en faisaient tout autant, se faisaient happer par une des têtes qui venait les dévorer un par un, faisant craquer leurs os entre ses crocs. Le Général ne put s’empêcher de tourner la tête et, voyant une attaque des deux sorciers échouer, il comprit que leur ennemi n’était plus le serviteur mais la maîtresse.
Bien vite il ne resta plus que lui, comme si jusqu’au bout on avait voulu lui laisser le choix, un choix qu’il devait prendre dans la seconde car la tête s’avançait déjà pour finir son œuvre destructrice. Toute sa vie, il avait rêvé de mourir sur un champ de bataille, mais cet endroit était loin d’en être un. Personne n’entendrait jamais parler de ce qu’il est advenu des orcs, alors la gloire, il fallait l’oublier. Sans ni gloire, ni récompense, il faudrait être fou pour se dresser face à une déesse. Fou peut-être, mais courageux.
Gargr brandit sa hache en hurlant et se retourna d’un bond qui stoppa brusquement sa course folle. A peine s’éleva-t-il au-dessus du sol qu’il se retrouva face à une gueule béante qui ne s’attendait nullement à une quelconque résistance. La lame de l’arme s’enfonça dans la langue rappeuse en un jet de sang noir puis, après avoir humé le souffle chaud et nauséabond de la bête, l’orc sauta en arrière tandis que les crocs se refermaient juste derrière lui. Il s’écrasa par terre de tout son long mais eut tout le temps de se relever car la tête de dragon se mit à hurler en s’élevant vers le ciel. Au même moment, les deux Sorciers Mortem explosaient en fumée sous l’assaut des autres têtes, alors Gargr comprit que tout espoir était perdu. Saisissant au fond de son cœur tout ce qu’il lui restait de force et de courage, rugissant comme une bête enragée, il brandit de nouveau sa hache et la leva vers le ciel, comme en vainqueur. Devant la provocation plus qu’évidente et pour venger l’affront de la blessure, le monstrueux dragon tout entier avança vers le minuscule orc, les longs cous serpentèrent dans le ciel avant que les gueules garnies de crocs ensanglantés ne se précipitent vers le sol.
Garg se mit à courir comme un dératé et s’arrêta brusquement pour éviter la première gueule qui voulait l’avaler mais son élan l’emporta contre la mâchoire inférieure. Elle claqua pour le saisir, mais il dégaina son épée et l’enfonça dans l’œil proche. Deux autres têtes arrivaient, alors comme seule échappatoire, il attrapa une corne de celui qu’il venait de blesser et qui s’éloignait du sol en rugissant. Le combattant s’éleva donc dans les airs et lâcha prise quand il se retrouva au-dessus d’une autre cible. Brandissant sa hache en hurlant, il s’apprêtait à l’abattre entre deux yeux mais dû dévier l’attaque contre une gueule béante qui voulait le saisir en plein vol sur le côté. La lame s’enfonça dans la gencive puis se retira en un bruit de suçon, laissant l’orc tomber au sol d’une chute qui aurait été mortelle pour bien d’autres. Son armure se déforma bruyamment tandis que Gargr s’affalait sur le dos et roulait rapidement mais gauchement sur le côté, évitant plusieurs rangées de crocs acérés dans lesquels sa cape se déchiqueta. Le tissu resta coincé alors, quand la gueule se retira, elle l’entraina avec elle, lui permettant d’éviter un autre assaillant. Le poids de l’orc déchira vite la cape et il retomba sur ses deux pieds, se remettant à courir au milieu des flammes qui envahissaient l’endroit. Il fila tout droit vers une tête en sautant dessus sans peur, faisant cesser les flammes qui risquaient de rendre aveugle son nouveau perchoir. Ce dernier s’agita dans tous les sens pour éjecter Gargr mais il s’agrippa à une des cornes de toutes ses forces. Sa vue se brouilla et il sentit son dernier repas remonter quand le monstre s’agita dans tous les sens à plusieurs dizaines de mètres au-dessus du sol. Quand l’orc put relever la tête, il était seul au milieu de trois têtes de dragons qui, les crocs en avant, se précipitaient vers lui tandis que leur paire restait immobile pour leur permettre de le saisir dans leurs gueules. Sans hésiter un instant, Gargr se hissa sur le dessus du crâne et se mit à courir vers le bout du museau avant de sauter dans le vide. Il se retourna en plein vol tout en frappant de toutes ses forces même s’il ne voyait pas encore sa cible. La lame passa juste entre deux mâchoires écartées puis, emporté par le poids de l’arme, l’orc se mit à chuter vers une tête qui s’apprêtait à l’avaler tout rond. La hache s’enfonça d’elle-même entre les narines et cela permit à Gargr de ne pas tomber. Il se laissa glisser en avant, tira son arme vers lui et l’abattit juste entre les deux yeux. Le monstre hurla et se tortilla tandis que la tête fonçait vers une autre, se frottant sous son cou pour faire tomber le gêneur.
Le Général orc n’eut pas le temps de reprendre son arme qui tomba dans le vide en même temps que lui mais, cette fois, aucune tête ne fit l’erreur de se mettre en-dessous. L’une d’elle tenta cependant de le déchiqueter de ses crocs en l’attaquant par-dessus mais il appuya avec agilité ses bottes sur deux dents alors, quand la gueule se referma d’un coup, cela le poussa en avant. Le sol n’était plus qu’à quelques mètres mais il agrippa une narine à pleine main puis se balança en avant pour récupérer sa hache au vol. Se retournant tout en frappant, il l’enfonça sur le dessus du museau et s’y agrippa de toutes ses forces, ce qui amortit le choc de l’atterrissage. La tête toute entière s’écrasa au sol, voulant broyer le peau-verte sous son poids mais au lieu de ça elle le bouscula sur le côté. Saisissant l’occasion, Gargr brandit sa hache en hurlant et l’abattit dans le cou de la bête, juste derrière les grosses écailles de la tête. Il dégagea son arme et l’abattit encore de toutes ses forces tandis que la tête remontait vers le ciel, laissant couler son sang noir au sol. L’orc n’abandonna pas pour autant et fit tournoyer sa hache tellement violemment qu’il fut déséquilibré et tomba par terre avant de la lâcher. Alors qu’il se relevait, il entendit un cri tonitruant. La double lame s’était enfoncée profondément dans la plaie déjà ouverte et en déversait un flot de sang qui retombait sur l’orc dont on ne voyait plus la couleur de peau. La tête vacilla en gémissant puis retomba au sol, juste devant Gargr qui récupéra son arme d’un coup, emmenant dans son mouvement un lambeau de chaire. Les quatre autres têtes se précipitèrent alors vers celle qui venait de mourir, la dévorant sans vergogne, le monstre se dévorant lui-même sans en ressentir la moindre douleur.
L’orc allait frapper une autre tête, profitant de son inattention, mais les ailes du dragon battirent d’un coup, le plaquant au sol d’une pression incroyable alors que le monstrueux corps ne se soulevait même pas dans les airs. Gargr se releva mais, tandis que les autres têtes commençaient à dévorer le long cou de leur défunte jumelle, l’une d’entre elles se tourna vers lui et le fixa de ses pupilles sombres. D’un geste d’une rapidité étonnante, l’immense créature donna un coup de patte. L’orc plongea sur le côté mais, vu l’envergure de la patte, il lui aurait fallu encore avancer de plusieurs mètres avant d’être hors d’atteinte. Le choc fut titanesque, propulsant Gargr dans les airs tandis qu’il sentait sont bras gauche se broyer sous la pression du coup. Comme un vulgaire caillou incapable de s’arrêter, il plana au-dessus des arbres en hurlant, survola la plage puis alla s’écraser au beau milieu de l’océan, laissant sur son passage un sillon comme celui d’un navire.
La remontée à la surface fut difficile vu la profondeur qu’il avait atteinte, mais quand il put enfin respirer, il n’y avait plus de dragon, seulement l’horizon à perte de vue.
Gargr commença à nager vers l’île mais, vu la distance qui l’en séparait et les dangers qui s’y trouvaient, il préféra agripper un planche de bois qui flottait, sûrement seul vestige de ses navires.
L’orc commença à dériver vers le continent, s’éloignant de cette île qu’il espérait ne jamais revoir bien qu’il se demandait si le fait d’être en vie n’était pas un cadeau. Il se retourna, observant encore une fois les sombres montagnes encore visibles au nord et qui abritaient une déesse qui semblait récompenser le courage et la férocité par la clémence. Clémence ironique, puisqu’alors que les dunes sans fin d’un désert mortel semblaient la destination forcée du Général orc, il regardait vers le nord où, à des centaines de lieues de là, se trouvait le pays qu’il ne reverrait jamais. Triste punition pour celui qui rêve de gloire, de l’obtenir sans pouvoir en jouir. Même la mort n’avait pas voulu d’un fatal mais héroïque affrontement, et préférait oublier des os jaunis et desséchés au milieu du sable que nul ne foulerait jamais.
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L'Ile
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