Celà faisait trois jours que la tente du roi était installée, et trois jours qu'Aredhel se retrouvait avec deux fois plus de corvées. La petite fille à peine agée de cinq printemps épluchait sans cesse de patates pour aider son pauvre père qui courrait et gesticulait. C'était le soir, et le roi avait toujours des invités.
Aredhel était une petite fille, les cheveux noirs et lisses, des pommettes roses, des yeux pétillants de malice. Son père, un homme chauve au nez proéminent, était le cuisinier du roi elfique. Et il se devait de l'accompagner et de le servir, même lorsqu'il partait en campagne. Le repas du soir était toujours le plus fatiguant à mettre en place, car c'était le seul véritable repas que les soldats et le roi prenaient, mais depuis que l'armée avait campé dans ce marais gluant et puant, le roi réunissait chaque soir ses lieutenants pour parler stratégie. Ce qui faisait encore plus de bouches à nourrir. Durfrath était épuisé, mais il avait l'habitude, c'était un homme plein d'énergie et d'entrain, qu'une tornade ou qu'un troupeau de sangliers n'auraient pas détourné de sa soupe de légumes.
Sa petite fille lui servait comme un commis, bien qu'elle fut jeune, elle se montrait aussi enthousiaste et volontaire à la tache que lui. A la fin de la soirée, après toutes les patates et toutes les carottes qui étaient passés entre ses mains, la pauvre petite avait mal aux mains. Elle passait la plupart du temps dans le chariot dans ses parents, à l'abri des regards. Car personne ne devait savoir qu'elle se trouvait là. Mais depuis ces derniers jours où l'armée avait installé son campement, ses parents lui avaient autorisé quelques ballades l'après midi.
Toute façon vu notre situation, c'est pas ça qui nous fera égorgé le plus vite.C'était la réponse de son père, après sa énième demande de sortir. Il était mal rasé et tenait une bouteille d'eau de vie dans les mains. Ses yeux vitreux fixaient l'enfant d'un air morose.Ouaip, on est foutu.
Depuis la petite Aredhel se promenait dans l'enceinte du camp. Il y régnait une odeur pestilentiel à cause des marais, mais ce n'était pas pire que la cuisine où elle travaillait. Personne ne s'occupait d'elle, les soldats comme les servants l'ignoraient. Tous étaient occupés par la même crainte, cette crainte qui étreignait le coeur de Durfrath. L'armée ennemie approchait.